«Il n’existe pas de signes inquiétants sur une possible situation d’insécurité». Les propos sont du chef du gouvernement. Hier, Abdelilah Benkirane a tenté de rassurer les députés sur le taux de criminalité au Maroc, estimant qu’il n’a guère enregistré une nette augmentation durant la dernière décennie, passant de 400.300 crimes en 2002 à 445.566 en 2011.
Le responsable a attribué, entre autres, cet état des lieux à la «religiosité» des Marocains. Les déclarations de Benkirane ne divergent en aucun cas de celle de son ministre de l’Intérieur. Fin avril, répondant à une question orale à la Chambre des représentants, Mohand Laenser avait martelé que la criminalité au Maroc était «maîtrisée» et «bien inférieure» à celles des pays voisins.
Une semaine plus tard, la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) annonçait dans un communiqué «l’interpellation de 160 371 personnes dont 12.275 pour crime ou délits et 4.096 suite à des avis de recherche lancés à leur encontre au niveau national (…) des interventions qui concernent Casablanca, Rabat, Marrakech et Fès».
Deux anciens ministres de l’Intérieur contestent les chiffres de Benkirane
Des chiffres, bien entendu, contestés par l’opposition qui s’appuie sur le sentiment largement partagée par la population d’augmentation de l’insécurité. Preuve en est les récurrentes manifestations des habitants de Fès devant les locaux de la police réclamant davantage de sécurité.
Par ailleurs, deux anciens ministres de l’Intérieur s’inscrivent en faux contre la lecture rassurante présentée, hier, par le chef de gouvernement. Commençons d'abord par Chakib Benmoussa (2006-2010). Le 22 novembre 2006, il affirmait devant les députés que le taux de criminalité avait augmenté de 2%. Une hausse essentiellement due à la multiplication d’actes liés à la petite délinquance. Juin 2010, c’est son successeur Taïb Cherkaoui qui indiquait, toujours à la ère Chambre, qu’en 2009, la criminalité avait augmenté de 3,46%.
Dans sa plaidoirie, le chef de gouvernement est revenu sur le «Printemps arabe», estimant que le Maroc a su préserver sa stabilité par la réforme de la constitution et les législatives anticipées du 25 novembre 2011, à l’issue desquelles le PJD de Abdelilah Benkirane a été chargé de former un gouvernement de coalition.