Le collectif Ca-Minando Fronteras a présenté, ce mercredi 12 juin, des chiffres alarmants concernant les victimes à la frontière euro-africaine pour les cinq premiers mois de cette année.
Selon leur rapport, la route Atlantique, à savoir la voie d’accès aux Îles Canaries depuis le Maroc, est particulièrement meurtrière, avec 4.808 décès, soit 95 % des victimes totales. Les zones de départ les plus dangereuses incluent la côte entre Guelmin et Dakhla avec 249 victimes, la route du Sénégal avec 959 victimes et celle de la Mauritanie, cette dernière étant la plus fatale avec 3.600 morts. En comparaison, les routes méditerranéennes ont causé 246 décès, la route algérienne représentant la plus périlleuse après celle de l’Atlantique.
Au total, d'après les données collectées, 5.054 personnes sont mortes ou disparues entre le 1er janvier et le 31 mai, ce qui représente une moyenne tragique de 33 victimes par jour. Parmi ces victimes, on compte 154 femmes et 50 enfants.
L'augmentation significative de la létalité à cette frontière est attribuée à des politiques migratoires focalisées sur le contrôle plutôt que sur la protection de la vie humaine. Helena Maleno, coordinatrice de la recherche, a dénoncé cette situation : «Nous ne pouvons pas normaliser ces chiffres et c’est pourquoi nous devons exiger des différents pays qu’ils placent les protocoles de sauvetage en mer et la défense du droit à la vie au-dessus des mesures de contrôle migratoire.»
Le mois d’avril a été le plus funeste, enregistrant près de 1 200 victimes, bien que les chiffres restent stables, dépassant 800 décès chaque mois.
L'augmentation dramatique des décès s'explique également par des accords bilatéraux centrés sur le contrôle des migrations, sans protocole pour améliorer les opérations de sauvetage. De plus, les migrants continuent d'emprunter des routes dangereuses malgré des conditions météorologiques défavorables et des embarcations précaires.
Cette crise humanitaire met en lumière l'urgence d'établir des protocoles de sauvetage efficaces. Helena Maleno insiste : «Il s’agit simplement de ne pas laisser mourir les gens aux frontières et de mettre tous les moyens en place pour sauver la vie des personnes en danger.»