Kaoutar Mouafik n’a réalisé son fort attachement à son pays natal, le Maroc, et à sa culture, qu’après s’être établie en Côte d’Ivoire. Pourtant ce n’est pas la première fois qu’elle quitte le pays. Ses études supérieures l’ont précédemment menée en France, où elle a obtenu un master à l’université de Clermont-Ferrand.
Elle s’installe ensuite en Côte d’Ivoire, dans le cadre du travail. Une fois diplômée en France, elle décide de retourner dans son pays natal, où elle rejoint le laboratoire multinational «Servier» pour l’industrie pharmaceutique. Dans le secteur, elle exerce au service commercial, puis celui du marketing. «A cette époque, il était possible de travailler avec des succursales du laboratoire dans les pays africains, à commencer par le Maroc et la Côte d’Ivoire. Je réalisais le meilleur chiffre d’affaires, comparé aux antennes des autres pays africains. C’était au temps où la Côte d’Ivoire sortait d’une guerre civile», confie Kaoutar à Yabiladi.
La Côte d’Ivoire devenant un pays stable, le laboratoire a envisagé l’ouverture d’un bureau à Abidjan, ce qui s’est finalement réalisé en 2014. Avec d’autres responsables, Kaoutar y a été affectée pendant une semaine seulement. Après quoi, elle a reçu une demande pour «s’y installer définitivement».
Si Kaoutar a immédiatement accepté, son directeur lui a proposé de réfléchir davantage, sachant que «s’installer à Abidjan n’est pas une décision facile». «Je suis retournée au Maroc et j’en ai parlé à mon père, qui m’a encouragée», nous confie-t-elle. Elle déménage ainsi fin 2014, pour travailler comme coordinatrice administrative du réseau francophone du Laboratoire Servier.
«La Côte d’Ivoire est un pays riche. Mais en termes de développement, de routes et d’administration, elle est encore en retard par rapport au Maroc. Abidjan était une ville très limitée, donc pendant mon temps libre, je travaillais à introduire la culture marocaine dans le pays, via les réseaux sociaux. Cela a coïncidé avec une visite du roi Mohammed VI en Côte d’Ivoire.»
Un succès grandissant
Kaoutar a reçu une invitation de l’ambassade du Maroc pour rejoindre le cortège d’accueil consacré au roi à l’aéroport. «J’ai demandé à ma mère, au Maroc, de me confectionner un caftan spécifique. Je lui ai dit que je voulais qu’il soit décoré de l’emblème du Maroc, composé de deux lions et d’un verset coranique. Il m’est parvenu au bout d’une semaine et devant sa majesté le roi, je tenais à afficher le symbole du royaume dans. Je portais le côté sur lequel était écrit : «Si dieu vous glorifie, personne ne pourra vous vaincre avec ma main.», ce qui a fait sourire le roi.
Les projets du Maroc en Côte d’Ivoire ont commencé à se multiplier peu à peu. A chaque fois, Kaoutar a préparé des plats marocains, comme le couscous, pour ces chantiers de construction, dont la Mosquée du roi Mohammed VI récemment inaugurée. Elle a tenu également à participer dans toutes les manifestations marocaines.
En 2017, le roi Mohammed VI a effectué sa deuxième visite au pays. Kaoutar a réfléchi à une manière particulière d’accueillir le roi. Elle a alors pensé à un caftan marocain décoré de la carte complète du Maroc. «Pendant la réception, le garde du corps m’a tenue à l’écart, mais le roi a insisté pour m’appeler et j’ai pris une photo à côté de lui. Je lui ai dit que cette carte était un message à l’assistance sur la marocanité du Sahara. Il m’a donné sa bénédiction en me disant : «Vous êtes les meilleurs ambassadeurs du Maroc.»
Kaoutar a continué à travailler au laboratoire pharmaceutique jusqu’en 2016, année où elle a épousé un citoyen ivoirien. «J’ai alors décidé de créer ma propre entreprise, que j’ai appelée Relations Sud-Sud. L’objectif est de développer la culture marocaine en Côte d’Ivoire et vice versa», explique-t-elle.
Malgré ses succès, Kaoutar a décidé de se retirer au cours des années 2017 et 2019 pour se focaliser davantage sur sa vie conjugale et l’éducation de ses enfants. Avant la Coupe du monde de 2022, elle décide de revenir à la scène publique. «J’ai été sollicitée par l’ambassade pour les matchs de l’équipe nationale, je préparais tout pour ceux qui veulent voir ces rencontres, notamment le décor et la restauration, à titre bénévole initialement», nous dit-elle.
Au fil du temps, ces festivités et rassemblements ont commencé à prendre de l’ampleur et ont nécessité plus de moyens financiers. Kaoutar décide donc de créer «La Maison du Maroc», qui prend part à tous les événements qui concernent le Maroc.
Après la Coupe du monde, les Journées culturelles arabes étaient organisées en Côte d’Ivoire. «J’ai parrainé le pavillon marocain de l’exposition, qui a duré cinq jours. Chaque jour, j’ai fait découvrir une ville marocaine spécifique à travers la gastronomie, l’habillement et la culture. Au final, le Maroc a remporté le meilleur pavillon, devançant des pays arabes riches comme l’Arabie saoudite, les Emirats et le Qatar», s’est félicitée Kaoutar.
En juin, la Côte d’Ivoire a commencé à suivre les traces du Maroc en matière de plages propres, avec une campagne nommée également «Boundif». Après cela, une grande fête a été organisée à l’occasion de l’anniversaire de la Marche Verte, à laquelle ont participé environ 500 personnes. «Je me suis occupé de la salle VIP, j’ai préparé tout ce qui concernait les gâteaux et la cuisine marocaine», nous explique Kaoutar.
Au Maroc, Kaoutar a déménagé entre plusieurs régions, son père travaillant dans la Gendarmerie royale. «Comme ma mère est originaire de Fès, je peux dire que mes coutumes sont de cette ville ; j’ai appris la cuisine auprès de ma mère. Au début, cela ne me plaisait pas, mais j’ai commencé à l’aimer, par amour du Maroc», nous confie-t-elle.
Une réussite sur tous les plans
La Maison du Maroc est devenue la première compagnie à représenter le royaume dans les événement en Côte d’Ivoire. Kaoutar a ainsi pensé à maintenir cette position de choix, «par la maîtrise, le leadership, la détermination et tout ce sur quoi on a été élevé dans notre pays».
Lors de la CAN 2023 organisée en Côte d’Ivoire, Kaoutar a gagné en popularité auprès des Marocains qui se sont rendus là-bas pour assister aux matchs des Lions de l’Atlas. Elle a déclaré : «Je recevais des supporters marocains dans ma maison, qui a un cachet national : les Marocains sont connus pour leur générosité. Ici, je représente la culture, les coutumes et les traditions du Maroc.»
Pendant la Coupe d'Afrique des Nations, Kaoutar a aussi organisé des tables de ftour marocain pour près de 500 personnes, en signe de cohésion et de solidarité en tant que Marocains.