Le roi Mohammed VI, accompagné du prince héritier moulay El Hassan, des princes moulay Rachid et moulay Ismail, a présidé, vendredi au palais royal à Rabat, la première causerie religieuse du mois de ramadan 1445 H.
Cette causerie a été animée par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, sous le thème «le renouveau de la religion dans le système d’Imarat Al Mouminine (Commanderie des croyants)», en s’inspirant du hadith du prophète Mohammed : «Dieu envoie à la communauté tous les cent ans quelqu'un qui lui renouvelle sa religion».
Le ministre a, de prime abord, souligné que Imarat Al Mouminine a accompli et continue d’accomplir sa mission dans tous les domaines, y compris dans le champ religieux au sens large, en veillant à la préservation des choix fondamentaux de la Oumma et aux impératifs du renouveau pour être en phase avec les mutations.
Cette préservation et ce renouveau, a-t-il expliqué, s’articulent autour de trois axes portant sur «le renouveau de la religion tel qu’abordé par les musulmans et les autres par le passé et de nos jours», «le renouveau de la religion dans le cadre d’Imarat Al Mouminine» et «les perspectives de ce renouveau à l’échelle de la Nation, en s’inspirant d’un modèle qui soit un prolongement des efforts consentis par le Souverain en matière d’accomplissement de Sa mission».
Il a signalé que si les partisans du renouveau de l’intérieur de l’Islam pourraient avoir actuellement un certain impact, leur discours n’a néanmoins pas fourni aux musulmans les réponses escomptées, en l’occurrence celles faisant de l’acte religieux un tremplin vers la plénitude promise par le saint coran.
S’agissant du renouveau de la religion au Maroc par le passé comme de nos jours, il a souligné que le tout-puissant a tenu le pays à l’abri de toutes formes de discorde (fitna), en ayant opté depuis les Idrissides pour l’institution de lmarat Al Mouminine.
Si les différentes dynasties ayant régné au Maroc ont alterné des plans de réforme et de renouveau, a-t-il dit, la dynastie alaouite a opté pour des réformes concrètes, dont la restauration de l’unité politique du pays suite à sa désintégration à la fin du règne des Saadiens, le rétablissement de la sécurité et de la stabilité, l’exercice de l’arbitrage consensuel entre les différentes composantes de la société et la lutte contre les convoitises étrangères.
Parmi les manifestations du renouveau de la religion par cette dynastie figurent les conseils du sultan qui puisent leur essence dans l’esprit du hadith prophétique, objet de cette causerie, y compris le message adressé par feu Sa Majesté Hassan II à la Oumma islamique à l’occasion du début du 15ème siècle de l’Hégire dans lequel le défunt Souverain a dit que Dieu a généreusement doté les musulmans d’une foi aux solides assises dont la forte structure est digne de tous les temps et de tous les lieux et d'une chariaa dont les principes n'ont nullement besoin d'être modifiés.
Ahmed Toufiq a mis l’accent sur l’engagement d’Imarat Al Mouminine, depuis plus de deux décennies, en faveur de la préservation par la religion de la vie et du renouveau de la religion elle-même, à travers une série de constantes, dont la consécration institutionnelle du titre de chef de l’Etat, Amir Al Mouminine, le Maroc étant le pays où ce titre a été préservé par la grâce du tout-puissant, la légitimité du règne sur la base de l’allégeance, et les engagements du chef de l’Etat que la jurisprudence politique désigne sous le nom des cinq nécessités.
Figurent aussi parmi ces constantes, a-t-il poursuivi, le premier engagement de ces cinq nécessités, en l’occurrence la préservation de la religion, en tant que trait d’union entre le croyant et le créateur, la préservation de la personne humaine, de la raison et de la protection des biens.
Dans le cadre de la préservation et du renouveau de la religion, Imarat Al Mouminine a également pour mission de veiller à la protection de la dignité humaine, puisque le commandeur des croyants en tant que dépositaire de l’acte d’allégeance doit veiller à garantir la dignité des gens et des libertés publiques, a-t-il poursuivi.
A ceci s’ajoute la question de la famille à laquelle Imarat Al Mouminine a prêté une attention particulière en termes de renouveau légal, de soutien social et de réforme juridique, a-t-il enchaîné, notant que la question de la femme enregistre dans le cadre d’Imarat Al Mouminine une évolution constante.
Il a signalé que Imarat Al Mouminine a donné sens au renouveau à travers l’instauration dans le système bancaire du modèle de la finance participative, tout en s’érigeant comme un modèle dans le domaine social, les différentes épreuves ayant démontré que les valeurs de la religion continuent de façonner la conscience de la Oumma.
Passant en revue l’action de Imarat Al Mouminine pour la protection et le renouveau de la religion, Toufik a souligné l’importance de la protection de la diversité culturelle des différentes composantes de la Oumma et la sauvegarde des valeurs spirituelles, qui reflètent la profondeur de l’acte religieux et la spécificité de l’appartenance à la Oumma islamique.
Il s’agit aussi, a-t-il indiqué, de la consécration de la voie de la modération et de la préservation de la terre et des liens spirituels avec des pays africains, tout en la renforçant par des mesures complémentaires, dont la création de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains avec un encadrement optimal qui fait des Imams sa pierre angulaire.
Abordant le troisième axe de cette causerie, Toufik a fait état d’une certaine disparité entre la pratique parfaite de la religion et le manque dans la qualité de l’acte religieux, mettant l’accent sur le rôle des oulémas inspirés dans l’équation du changement et du renouveau.
Consciente de cette disparité, l’institution des Oulémas s’est lancée dans un projet novateur basé sur le recours aux différents moyens d’influence, le rétablissement du rôle des Oulémas en tant qu’influenceurs et leur implication directe sur le terrain, notamment au sein des mosquées, avec l’appui des Imams, des Mourchidines et des Mourchidates.
Et de conclure que la transmission du savoir vise un double objectif : alléger les dépenses de la gestion politique et se prémunir contre toutes formes de discorde internes et externes et, partant, être en mesure de faire face à tous les défis potentiels.
À l'issue de cette causerie, le roi a été salué par le grand mufti d’Egypte, Shawki Allam, le président du Conseil de la Fatwa des Emirats Arabes Unis, Cheikh Abdullah Bin Cheikh Al Mahfoud Bin Bayyah, l’Émir de l’Etat de Kano (République Fédérale du Nigeria), Aminou Ado Bayaro, le président de l'Université islamique internationale d'Indonésie, Jamhari Makruf, le président de la section de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains en Namibie, président du Conseil islamique de la magistrature de la Namibie, Mohamed Mathieu Nebkombo et le président de la Section de la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains au Niger, Idrissa Maiga Abdallah.
Le souverain a été également salué par Cheikh Al-Mahfoudh Bin Abdullah Bin Bayyah, Secrétaire général du Forum Abou Dhabi pour la paix (Emirats Arabes Unis), Mahmoud Abdou Zouber, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains au Mali et chargé de mission au cabinet du président de la république, Ali Mohammed Salim, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains au Kenya, Abdelkader Cheikh Ali Ibrahim, président de la section de la Fondation Mohammed VI pour les Oulémas Africains en Somalie, Cheikh Salim Hitimana, membre de la section de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains au Rwanda, Mufti de l’Etat et président du Conseil supérieur des affaires islamiques au Rwanda, et par Langa Dolani Vincent Zaid, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains en Afrique du Sud.
Par la suite, le ministre des Habous et des affaires islamiques a remis à Mohammed VI un ouvrage intitulé «Recommandations religieuses des Souverains de la dynastie Alaouite à la Oumma marocaine».
Il s’agit de huit copies de messages adressés par des sultans de la dynastie alaouite, depuis le règne de Mohammed Ben Abdallah (1171 H- 1204 H) jusqu’à celui de feu Hassan II, à la nation marocaine au sujet de la sauvegarde de la religion et de son renouveau.