Les médias algériens poussent un grand soupir de soulagement après la visite effectuée par le ministre français des Affaires étrangères, ce lundi à Rabat. Ils ne cachent pas leur satisfaction quant à l'absence de reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara, comme ils l'avaient appréhendée quelques jours plus tôt. «Stéphane Séjourné déçoit le régime marocain. Les autorités françaises ont évité l'imprudence dans laquelle est tombé le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, lors de sa récente visite au Royaume du Maroc», se félicite ainsi Echoroukonline.
«A Rabat, le ministre français des Affaires étrangères a été discipliné dans ses mouvements et réservé dans ses déclarations d'une manière qui ne laissait aucune occasion aux médias pour manipuler les résultats de la visite», estime la même source.
Même son de cloche auprès de TSA. Stéphane Séjourné «n’a pas offert aux marocains plus que ce que la France leur accorde depuis 2007 sur la question du Sahara occidental». Selon le site d'information, le ministre a reconnu la «sensibilité» du dossier et «réitéré le soutien «clair et constant» de son pays au plan d’autonomie».
Les médias algériens ont fait l'impasse sur l'appel lancé par Séjourné pour une reprise des Tables rondes sur le Sahara organisées par l'ONU avec «toutes les parties concernées, sans exception» ou ses éloges aux investissements marocains au Sahara.
Bourita : «Il y aura d’autres échéances pour d’autres annonces»
Des médias algériens s'étaient inquiétés que les entretiens entre Stéphane Séjourné et Nasser Bourita, à Rabat, ne soient conclus par une proclamation de la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara. «Maintenant que le rapprochement se confirme, de nombreux observateurs s’interrogent sur ce que sera la position de la France sur la question du Sahara occidental, étant donné que beaucoup imputent le froid entre les deux capitales essentiellement au refus de Paris d’emboiter le pas aux Etats-Unis et Israël qui ont reconnu la "souveraineté" marocaine sur le Sahara occidental», avait souligné TSA dans un article publié le 21 février.
De son côté le site Awras s’est demandé dans une vidéo postée avant l’arrivée de Séjourné à Rabat «si Paris allait sacrifier ses relations avec l’Algérie pour plaire au Maroc ?» Sur un ton menaçant, Echouroukonline avait même mis en garde la France : «Tout faux pas de Paris, quel que soit son niveau» sur le dossier du Sahara «ramènera la situation (des relations franco-algériennes) à la case départ».
Dans sa déclaration à la presse, Nasser Bourita a précisé hier, avec calme et assurance, que les relations entre la France et le Maroc auront, dans les mois à venir, «d’autres échéances pour faire d’autres annonces».
Jusqu’à présent la reconnaissance de la marocanité du Sahara a été proclamée par des chefs d’Etats ou de gouvernements. En témoignent les actes signés dans ce sens par le président des Etats-Unis, Donald Trump, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, respectivement le 10 décembre 2020 et le 17 juillet 2023. Emmanuel Macron les rejoindra-t-il lors d'une prochaine visite d'Etat ?