Après deux semaines de silence, le PJD a fini par donner sa lecture du séisme d’Al Haouz, ayant fait près de 3 000 morts et plus 5 000 blessés. Dans une allocution prononcée lors de la réunion du secrétariat général du Parti de la justice et du développement, du samedi 23 septembre, Abdelilah Benkirane, arborant la casquette du prédicateur, a estimé que le drame serait un «avertissement» divin.
Aussi a-t-il invité les Marocains au «retour à Dieu» afin de «découvrir si ce qui s’est passé pourrait être dû à nos péchés, transgressions et violations, non seulement dans leur sens individuel, mais aussi dans leur sens général et politique», rapporte le secrétariat général du PJD dans un communiqué.
«La question posée ne porte pas seulement sur les péchés individuels, mais plutôt sur les péchés et les violations au sens politique, et celles que l’on constate dans la vie politique en général, les élections, les responsabilités, la gestion publique et autres...», a-t-il expliqué.
Benkirane a enchaîné son intervention en se débarrassant de la casquette du prédicateur pour porter celle du politique, dans le dessein de régler de vieux comptes, datant de 2015, avec l’actuel chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
L’ex-ministre Amara quitte le PJD, Yatim déplore la version de Benkirane
«Le secrétaire général s’est interrogé, ensuite, sur l’impact du Fonds de développement rural et des zones montagneuses, doté d’un budget important dépassant les 54 milliards de dirhams, sur le quotidien des habitants de ces zones (…) et ses réalisations. Ce sont des questions qui méritent éclaircissements», souligne Benkirane.
Pour rappel, la tutelle sur ce Fonds confiée à Akhannouch, alors ministre de l’Agriculture sous l’exécutif que dirigeait Benkirane, avait fait sortir le PJD de ses gonds. En février 2020, un parlementaire du PJD avait appelé, depuis la tribune de la Chambre des conseillers, à retirer la tutelle dudit Fonds au ministère de l’Agriculture.
Visiblement, la version de Abdelilah Benkirane sur le séisme d’Al Haouz n’a pas eu l’adhésion de certains hauts cadres du PJD. L’ancien ministre sous les gouvernements Benkirane et El Othmani, Abdelkader Amara, a condamné les errances du secrétaire général du Parti de la Lampe et annoncé sa démission du PJD. Depuis le retour de Benkirane aux commandes du parti, Amara avait pris ses distances avec la formation islamiste.
Sans aller jusqu’à rompre le cordon ombilical avec le PJD, Mohamed Yatim, un ex-ministre sous l’exécutif d’El Othmani, a pour sa part déploré les propos de son «frère» Benkirane. «Si le tremblement de terre devait être une punition, il serait plus approprié de punir l’Egypte où s’est produit le coup d’Etat (de juin 2013, ndlr), Rabaa, des dizaines d’exécutions et des meurtres délibérés dans les prisons». Une allusion de sa part aux évènements ayant suivi la destitution de l’ancien président Mohamed Morsi, des Frères musulmans, par le général Abdel Fattah Al-Sissi.
«Si cette logique était correcte, la politique serait monastique. Il est regrettable que nous laissions de côté la politique, ses enjeux et ses vérités pour nous égarer dans la «théologie»», a écrit Yatim sur ses réseaux sociaux.
A la suite du séisme au Maroc, puis des inondations en Libye, l’Egypte a décrété un deuil national de trois jours en solidarité avec les deux pays. Al-Sissi a alors donné ses instructions aux forces armées pour se mettre à la dispositions d’«un soutien immédiat et une aide humanitaire, par voie aérienne et maritime» aux «deux pays frères», si ces derniers en formulent la demande.