La France est une «mauvaise élève» en matière d’intégration des immigrés conclut l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) dans son dernier rapport intitulé «Trouver ses marques : Les indicateurs de l'OCDE sur l'intégration des immigrés 2012», rendu public hier, lundi 3 décembre. Il s’agit d’une enquête qui compare, pour la première fois, la position des immigrés dans 34 pays, majoritairement développés, et de leurs enfants dans les principaux domaines de l'intégration économique et sociale. «Elle n'est jamais complètement à la traîne, mais jamais en tête du peloton non plus», affirme Georges Lemaître, économiste et expert en migrations internationales à l'OCDE, cité par Le Monde.
La France, avec 11% de sa population née à l'étranger, se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE qui accueillent au total quelques 110 millions d’immigrés, soit 9% de leur population, indique le rapport. Néanmoins, le taux de pauvreté de ses immigrés est plutôt élevé en comparaison avec les autres pays que compte l’organisation.
21% des immigrés sont pauvres
En France, le taux de pauvreté des immigrés est de 21,1% contre une moyenne de 17,3% pour ceux de l'OCDE. Ce taux est quatre fois plus supérieur à celui de la population majoritaire de l’Hexagone, note l’OCDE, soulignant que «ce rapport n'est que de un sur deux en moyenne dans l'OCDE». Une «situation problématique», estime l'organisation. Le chômage se fait également plus ressentir chez les immigrés en comparaison avec le reste de la population. Selon l’OCDE, le taux de chômage des immigrés de 15,6% contre 13,8% en moyenne dans l'OCDE.
Discrimination : La France 4e
Pour mieux comprendre cet écart existant entre les immigrés et les natifs de France, l’OCDE s’est également penchée sur leur sentiment de discrimination. Conclusion : La France est le quatrième pays où la discrimination des immigrés est la plus marquée, après la Grèce, l'Autriche et les Pays-Bas. «On est beaucoup moins regardant sur la question des discriminations que dans d'autres pays européens», notamment dans les pays scandinaves, explique à l’AFP Catherine Wihtol de Wenden, sociologue spécialiste des flux migratoires et directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
«Des postulants originaires d'un pays d'Afrique subsaharienne ont dû écrire quatre fois plus de lettres de candidature que les postulants d'origine française pour obtenir un entretien. La discrimination s'est avérée moins prononcée en Belgique, au Canada et en Suède», précise les auteurs de l'étude.
Ces derniers ont, par ailleurs, comparé les résultats scolaires des enfants immigrés à ceux des autres élèves natifs de France. Les immigrés, toujours selon l’OCDE, ont de moins bon résultats à l’école que la moyenne. La différence est de 20 points dans l'échelle PISA, «l'étude qui mesure chaque année les performances des différents systèmes éducatifs des pays de l'OCDE», relève le Monde. Un constat qu’avait fait également, l’Observatoire des inégalités en France, en octobre dernier, qui soulignait toutefois que l’origine sociale des parents et leurs parcours scolaires ne sont pas pris en compte.
Clandestinité : Mauvaise intégration ?
Pour Catherine Wihtol de Wenden, «la question du statut juridique des immigrés» est «fondamentale» pour une bonne intégration de ces derniers. «Si on maintient des années des gens dans la clandestinité, on ne peut pas s'attendre à une bonne intégration», souligne-t-elle. Le gouvernement, lui, n’entend pas les choses de la même oreille. Pour Michel Aubouin de la Direction de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté (DAIC), au ministère de l'Intérieur, les indicateurs de l’OCDE, bien qu’ils soient «importants pour établir des comparaisons», ne «permettent pas de tirer des éléments de portée générale».