Présenté ce vendredi, le programme électoral de Vox pour les législatives anticipées du 23 juillet en Espagne a consacré plusieurs passages au Maroc. La formation d’extrême droite recommande «l’imposition de droits de douane sur les produits agricoles provenant du Maroc, afin qu’ils n’inondent pas les marchés nationaux et européens au détriment des produits espagnols».
Ce message est particulièrement destiné à l’électorat du monde agricole, d’autant que la première grande percée politique de cette formation a été réalisée lors des élections de décembre 2018 en Andalousie, en remportant 12 sièges au Parlement local d’une région qualifiée de grenier de l’Espagne.
Le groupe de députés Vox a précédemment présenté une proposition exigeant la suspension immédiate de l’accord agricole entre le Maroc et l’Union européenne, «en raison de son énorme préjudice économique sur la production agroalimentaire espagnole». En plus des agriculteurs, les fidèles de Santiago Abascal s’adressent également aux sécuritaires, un autre vivier électoral pour Vox. Ils s’engagent dans leur programme à «garantir la protection de Ceuta et Melilla, une partie indivisible de l’Espagne, de plus en plus harcelée par le Maroc avec la complicité du gouvernement Sánchez».
Vox ignore le Polisario
Dans ce sens, Vox veut «augmenter le nombre des forces de sécurité en les dotant de tous les éléments nécessaires pour garantir leur sécurité et le bon exercice de leurs fonctions, notamment afin d’endiguer les vagues d’immigration massive encouragées par le gouvernement marocain» (sic). Un sondage réalisé en avril dernier par le Centre des investigations sociologiques (CIS), une instance publique, a révélé une forte popularité de Vox parmi les policiers et les militaires.
Contrairement aux autres partis espagnols, Vox a fait l’impasse sur les revendications du Polisario, comme «la responsabilité de l’Espagne envers le peuple sahraoui», si chère à Sumar, au Parti populaire et au PSOE. Néanmoins, la formation a promis de «garantir les voies de réception du gaz d’Afrique du Nord». Pour ce faire, Vox s’engage à «réviser les récentes actions de politique étrangère du gouvernement, qui nuisent à l’intérêt national en matière énergétique». Une référence au soutien de Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental.
Traditionnellement, Vox met en sourdine son obsession marocaine sur la question du Sahara, pour adopter des positions éloignées de celles défendues par le Polisario et ses relais en Espagne. Les députés de la formation d’extrême droite ont d’ailleurs choisi l’abstention, le 7 avril 2022, lors du vote d’une résolution condamnant l’appui du chef du gouvernement à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara.