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Grand Angle

Spoliation : Une famille MRE obtient gain de cause mais le spoliateur bloque l’exécution

Après un arrêt de la Cour de cassation en sa faveur, depuis 2021, Jamal Makcharrad voyait poindre le bout du tunnel long de dix ans de litige. Sauf que deux ans plus tard, non seulement le jugement n’a pas été exécuté, mais le spoliateur a fait recours.

Publié
La Cour d'appel de Meknès / DR.
Temps de lecture: 2'

Depuis deux semaines, une famille marocaine résidente à l’étranger (MRE) attend l’exécution d’un jugement qui lui a été favorable en cassation dès 2021, dans le cadre d’une affaire de spoliation de son terrain dans le village de Dkhissa, près de Meknès. Ce lundi, Yabiladi a appris que Jamal Makcharrad et ses proches ont pourtant fourni les documents nécessaires à l’huissier de justice. «J’ai rencontré le président du tribunal de première instance à Meknès et il m’a lui-même fait part de son étonnement que le jugement en notre faveur prenne autant de temps, malgré l’arrêt de la cour suprême», nous a confié l’héritier.

Pour cause, «beaucoup de choses se sont passées de 2021 à aujourd’hui», nous a déclaré Jamal Makcharrad, selon qui le dossier aurait été perdu, «puis retrouvé dans un autre tribunal», avant d’être rendu à la juridiction de Meknès. «J’ai sollicité également la Fondation Hassan II pour les MRE, suite à quoi nous avons appris l’existence d’un document daté de 2021 et un autre de 2022, selon lesquels nous aurions cédé gracieusement notre terrain au spoliateur», nous fait savoir Jamal.

Pour faire bloquer l’exécution du jugement favorable à la famille, le spoliateur a notamment fourni deux documents signés et cachetés par des représentants de la collectivité, ainsi que le caïd du village, attestant de la cessation par l’intermédiaire d’un oncle. Sauf que ce dernier affirme n’avoir jamais assisté ni été représenté à l’une des réunion où la transaction aurait été actée.

Nouveau procès pour faux et usage de faux

Ce nouveau rebondissement replonge la famille Makcharrad dans le douloureux souvenir de la spoliation dont son père a été victime, à travers un scénario similaire. «En revanche, l’oncle en question est encore en vie et il a bien accepté de fournir une attestation à notre avocate», souligne le fils héritier. Le proche et ses neveux comptent ainsi porter plainte pour faux et usage de faux.

Dans l’arrêt de la Cour de cassation, les juges ont ordonné de retourner le dossier de spoliation de ce terrain familial à la Cour d’appel de Meknès, afin que celle-ci révise le verdict et rende une décision en faveur des cinq frères, à qui revient la propriété. Vivant à Montpellier, Jamal Makcharrad a précédemment fait part à Yabiladi de son soulagement, se félicitant que ce procès et son issue «donnent de l’espoir et malgré un long processus on peut obtenir justice et récupérer ses biens spoliés au Maroc, lorsqu’on vit à l’étranger».

A l’époque, l’héritier avait également déclaré que «tous les éléments fournis par la famille lésée» prouvaient bel et bien la propriété du terrain, d’où un jugement favorable en première instance.

Dans son recours en appel, la défense a fourni «de faux témoignages et aucun document officiel attestant de la légitimité de sa propriété». Après un pourvoi en cassation, ce verdict a été considéré comme nul et non avenu, enclenchant le renvoi du dossier en appel pour un jugement favorable à la famille.

Maghrabi_
Date : le 31 mai 2023 à 14h20
En tant que MRE je suis de moins en moins intéressé pour investir dans mon pays, cela me refroidit directement ce genre d'histoire !
Ibn Tachfine
Date : le 31 mai 2023 à 01h39
Les MRE devraient bloquer tout envoi de devise au Maroc jusqu'à ce que les autorités agissent sérieusement et efficacement pour établir un véritable état de droit avec un pouvoir judiciaire étanche à la corruption et aux pressions de mafias , Quand on constate ce genre de défaillance judiciaire et administrative et que l'on constate la connivence de l'appareil judiciaire avec les pédocriminels on est confortés dans le choix de ne pas investir ni de s'établir au Maroc , le pire c'est que les institutions judiciaires et administratives sont plus favorables aux étrangers européens au Maroc qu'aux MRE . Il y a du ménage à faire au Royaume qui par certains aspects dûs à la corruption de ses institutions , ressemble à une république bannière .
Valon
Date : le 30 mai 2023 à 16h36
3 indicateurs à prendre en compte : 1) Quel est le nombre de Marocains résidant à l'étranger victimes de spoliation ? 2) Quel est le nombre de Marocains résidant à l'étranger ayant obtenu un jugement ? 3) Combien de Marocains résidant à l'étranger ont effectivement pu récupérer leurs biens ? Il est clair que l'exécution des jugements laisse encore à désirer. Il est urgent de réformer le système judiciaire, car le fait qu'un jugement ne soit pas exécuté après son prononcé public démontre clairement l'inefficacité de l'appareil judiciaire. Est-ce que le ministre de la justice va prendre des mesures ? Ou existe-t-il une possibilité qu'il soit impliqué dans les cas de spoliation ?
be
Date : le 30 mai 2023 à 14h02
Ce phénomène courant est à dénoncer ... des spoliations par certaines sociétés ou quelques bandits est un phénomène récurrent ... Ce sont les MREs plus souvent les principales victimes. En 2007 , 2008 plusieurs centaines d'investisseurs anglais et espagnols pour la majorité et quelques MREs ont été victimes par le gérant marocain d'une société dont le siège est en Espagne pour un méga projet à Tanger. Les pauvres investisseurs ont payé 30% des montants des biens à la signature de la promesse de vente pour une livraison en 2011. Ce projet n'a jamais vu le jour, la presse en a parlé y compris Yabiladi. Même s'il y a eu des interventions des politiques anglais les victimes n'ont pas été indemnisés plusieurs sont même morts depuis.... Tout ceci est pour dénoncer ces vendeurs de rêve qu'on voit au SMAP ou je ne sais quel évènement immobilier.
Berkshire
Date : le 30 mai 2023 à 11h11
C'est une forme de fassad parmi d'autres .... ce fléau très lucratif pour les mofssidine va continuer tant que le fassad n'est pas très sérieusement combattu et puni !!! On assiste depuis quelque temps à un phénomène encore plus inquiétant: des notaires, ont encaissé les fonds des transactions immobilières (transactions pourtant en règle et très clean), et ils ont quitté le pays. Si on ne peut plus faire confiance au notaire pour une transaction immobilière, c'est qu'on ne peut plus faire confiance du tout et dans ce cas, soit on prend le risque et on prie, soit on abandonne tout projet d'acquisition/vente.
Dernière modification le 31/05/2023 14:20
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