Je te présente quelqu’un ?
«Ma mère prie tous les jours que Dieu fait pour que je me marie, pourtant, je n’ai rien demandé !» s’indigne Sonia, la trentaine et un poste à responsabilités. «Je ne suis ni complexée ni anormale, mais je ne vais pas forcer le destin !» ajoute la jeune femme. Ceci est la triste réalité des maghrébines qui atteignent un certain âge sans trouver chaussure à leur pied. Elles ne sont pas spécialement malheureuses, mais subissent des remarques en tous genres. Les phrases du genre «Tu dois être difficile», «Tu n’es pas facile à vivre», «tu dois avoir un problème» sont monnaie courante !»
Et croyant bien faire, sœurs, copines et collègues s’activent pour trouver le prince charmant à la «pauvre» demoiselle ! Nadia raconte : «J’ai une copine qui m’arrange un diner au moins deux fois par mois avec un copain de son mari.» Et d’ajouter : «J’ai l’air si désespérée que ça ?» Le problème, selon Nadia, c’est que cette copine en question était elle-même une célibataire et fière de l’être il n’y a à peine deux ans. «Depuis qu’elle a rejoint le cercle des mariées fières de l’être, sa philosophie de vie a changé» s’indigne la jeune femme.
Marie toi à tout prix !
«Ce que je ne comprends pas, nous dit Ghita, c’est que les hommes n’ont pas ce souci» Il est vrai qu’on parlera de célibataire endurci, d’homme mûr, mais on utilisera le mot «pauvre» pour une femme pas encore mariée. «C’est peut être à cause de l’horloge biologique» suppose Samia
«Ya benti, rrajel makitayabch (Ma fille, on ne critique pas un homme), c’est la phrase préférée de ma mère et de mes tantes» raconte Camélia. «Pour elles, arrivées à un certain âge, les femmes ne doivent pas poser trop de conditions. Je n’estime pas être Miss Monde, mais il faut un minimum de compatibilité !»
Encore pire, les propos tenus par la mère de Nadia. «Marie toi, même si c’est un chômeur et que c’est toi qui fait bouillir la marmite». Certains jours, elle va plus loin : «Je suis prête à lui donner une grosse somme pour la cérémonie et les cadeaux !»
Chez Dalila, on commence même à lui dire qu’être la deuxième épouse n’est pas un problème en soi. Dalila a 40 ans et ne s’est jamais mariée. Le problème se pose du côté des hommes. «Si je n’ai pas trouvé un mari, c’est de ma faute, je dois avoir un problème ! Mais j’étais juste occupée à faire carrière moi !» Et d’ajouter : «Je pense que les divorcées ont moins de problèmes que nous. Au moins, à un moment ou à un autre, elles ont mis le grappin sur un homme !»
Dans le livre «désert Matrimonial», on dit que les jeunes femmes maghrébines en France restent plus longtemps célibataires. Pourquoi ? Parce que, toujours selon le livre, on obligera presque ces filles à se trouver un gentil maghrébin, ce qui rétrécie leurs choix. En plus, le mariage arrangé tel que l’a connu la génération des parents est en voie de disparition. Et on peut ajouter deux autres raisons : Ces filles sont instruites et ont peur de tomber sur un maghrébin éduqué en enfant roi. De plus, elles ne ressentent pas l’obligation d’être des épouses pour être heureuses !
La société maghrébine a un regard lourd et douloureux sur ces femmes pas mariées, mais le problème, c’est d’être femme selon quelques internautes. Soumia résume : «Pas fiancée, pourquoi pas ? Fiancée, qu’est ce qu’elle attend pour se marier ? Mariée, qu’est ce qu’elle attend pour faire un enfant ? Maman, qu’est ce qu’elle attend pour avoir un deuxième ? Divorcée, pourquoi elle n’a pas été patiente ? Restée mariée, pourquoi elle n’a pas le courage de divorcer ? Cela ne finit jamais !»
Tout est une question d’éducation...