Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, s’est rendu lundi au Portugal, dans le cadre d’une visite officielle de deux jours. Un déplacement que les médias algériens considèrent comme un nouvel épisode dans la politique du pays visant à isoler le Maroc de ses partenaires régionaux.
«Le président Tebboune est en mission pour endiguer les manœuvres du régime marocain», écrit Echorouk online. «La visite sera l'occasion pour l'Algérie de barrer la route au régime marocain, qui vise à attirer un autre pays européen dans le bourbier du soutien aux plans expansionnistes de Rabat dans la région du Maghreb, comme il l'a déjà fait avec l'Espagne», indique le média très proche des militaires.
Objectif : «torpiller» le rapprochement entre le Maroc et les pays européens
Ce déplacement du président Tebboune vise essentiellement à «torpiller toute retrouvaille du Maroc avec ses anciens alliés du Vieux continent. L'Algérie est en train de s'armer des scandales du régime marocain», une allusion aux affaires de corruption au Parlement européen, «pour réaliser cet objectif», analyse Echorouk. Et d’ajouter que la visite est une occasion pour Abdelmadjid Tebboune pour plaider les positions du Polisario auprès des plus hautes autorités portugaises.
Pour rappel, le gouvernement portugais dirigé par le socialiste António Luís Santos da Costa, a réitéré à l’occasion de la tenue le 12 mai à Lisbonne de la 14e Réunion de haut niveau Maroc-Portugal, son appui au plan marocain d’autonomie au Sahara. «Le Portugal réitère son soutien à l'initiative marocaine d'autonomie, présentée en 2007, qu'il considère comme une proposition de solution réaliste, sérieuse et crédible convenue dans le cadre des Nations unies», rappelle un média lusophone, citant la Déclaration conjointe publiée à l’issue de ce sommet.
Moins direct que le quotidien arabophone, Le Soir d’Algérie a inscrit le déplacement présidentiel au Portugal dans le cadre des «relations d'amitié unissant l'Algérie et le Portugal (qui) se distinguent par leur dimension historique et reposent sur le respect mutuel, le bon voisinage et une concertation permanente», écrit le média francophone. Et de se féliciter de la «convergence des vues» entre les deux pays «sur différentes questions internationales et régionales d'intérêt commun tout en partageant les mêmes principes diplomatiques basés sur le respect mutuel, la réciprocité, et le respect de la volonté des peuples, d'autant que le Portugal a introduit dans sa constitution le droit des peuples à l'autodétermination» ; en allusion aux revendications du Polisario.
«L'Algérie est solidaire de tous les peuples qui luttent pour la libération politique et économique, pour le droit à l'autodétermination et contre toute discrimination raciale», précise l’article 32 de la constitution de décembre 2020.
A l’issue de ses entretiens avec Abdelmadjid Tebboune, ce mardi 23 mai à Lisbonne, le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, a plaidé pour «une solution politique à la question du Sahara avec la médiation des Nations unies et l’accord entre les parties intéressées». Au grand dam de Tebboune, De Sousa n'a pas défendu «le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».