La Coalition Printemps de la dignité a adressé, ce mardi, une lettre ouverte au président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), Mohamed Abdennabaoui, au président du ministère public, El Hassan Daki et au ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, au sujet de la condamnation légère de trois personnes à 2 ans de prison, pour détournement de mineure avec fraude et attentat à la pudeur avec violence près de Tiflet. Agée au 11 ans au moment des faits et de 13 ans aujourd’hui, la victime a eu une grossesse résultant de son viol. En première instance, un test ADN a confirmé la compatibilité du nouveau-né avec l’un des accusés.
Dans sa lettre ouverte parvenue à Yabiladi, la coalition associative a souligné que ce verdict «ne réparera pas les dommages physiques et psychologiques profonds d’une enfant qui a subi des agressions sexuelles répétées». Elle considère également que ce jugement «approfondit le sentiment d’injustice et d’exclusion du droit à la justice» de la part des victimes de ces actes criminels, «avec ce que cela comporte en termes de sécurité juridique et judiciaire». Demain mercredi, Printemps de la dignité organise un sit-in de solidarité. Jeudi 6 avril, le dossier sera réouvert pour un procès en appel.
La coalition estime qu’«il y a lieu, dans ce cas particulier, comme dans d’autres, que les différentes autorités concernées enquêtent, y compris le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), doté d’un mécanisme national de plaintes pour les enfants victimes de violations de leurs droits». Ceci permettra d’«identifier où se situe la faille dans ce qui s’est passé, pour que l’indépendance du pouvoir judiciaire ne demeure pas un prétexte ou une façade dissimulant les injustices», insiste-t-elle. Dans ce sens, elle souligne que la pratique de la justice prouve «l’urgence d’une réforme radicale et globale du droit pénal, reconsidérant le ‘pouvoir discrétionnaire’, dans sa portée, ses fondements et sa philosophie, et dans la grande disparité entre les peines maximales et minimales, ainsi que dans les circonstances atténuantes du crime de viol et autres agressions sexuelles».
Par ailleurs, la coalition a appelé à «une révision complète du Code de procédure pénale et la suppression des obstacles spécifiques aux ONG féministes pour se porter partie civile dans les cas de violences faites aux femmes».