La semaine dernière à l’ONU, le Maroc a démystifié la version algérienne sur les drogues. «L’Algérie est plutôt productrice, actrice et initiatrice de plusieurs trafics de drogues et de stupéfiants de diverses natures», a dénoncé l’ambassadeur représentant permanent du Maroc à Vienne, Azzeddine Farhane, à l’occasion d’une réunion de la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND).
Dans une réponse à l’intervention du diplomate marocain, son homologue algérienne Faouzia Boumaiza Mebarki a «exposé les préoccupations de l'Algérie au sujet du trafic de drogues dans la région», rapportent des médias algériens. Elle a souligné qu'en 2022, les services de sécurité de son pays ont saisi 58 tonnes de résine de cannabis, 5 tonnes de cannabis en herbe, 94 kilos de graines de cannabis et 2 485 plants de cannabis. «Ces chiffres prouvent qu'il y a une vraie stratégie de déstabilisation du pays par le ciblage de sa jeunesse. Ce n'est plus possible de se taire face à l'hostilité croissante du Maroc dont le déferlement de cannabis ainsi que la cocaïne, les psychotropes et l'ecstasy sont un des moyens d'agression», a-t-elle estimé.
Des chiffres largement inférieurs aux quantités saisies par les services de sécurité marocaines et espagnoles lors d'une seule opération. Le 3 novembre 2022, les autorités espagnoles avaient mis la main sur 32 tonnes de cannabis et le 27 avril 2022, la police marocaine avaient saisi 31 tonnes du même produit.
La diplomate a rappelé que «l'Algérie a alerté la communauté internationale sur les répercussions dangereuses de la reclassification du cannabis et de la résine de cannabis». Le 3 décembre 2020, les 53 Etats membres de la CND, l'organe central de décision des Nations Unies sur les drogues, avaient voté pour retirer le cannabis des listes de contrôle les plus strictes, où il était placé depuis 1961.
Avec un vote de 27 voix pour, 25 contre et une abstention, la CND avait alors ouvert la voie à la reconnaissance du potentiel médicinal et thérapeutique de cette drogue. Le Maroc y était parmi les pays ayant soutenu la résolution alors que l’Algérie s’y était opposée. En juin 2021, le Parlement marocain avait adopté une loi légalisant la production du cannabis à des fins médicales, cosmétiques et industrielles.