Une semaine après l’adoption d’une résolution au Parlement européen, appelant à la libération des journalistes détenus au Maroc, une trentaine d’eurodéputés, des Verts, d’extrême gauche, de Renew Europe et des séparatistes catalans, réclament de décréter des sanctions à l’endroit du royaume, identiques à celles déjà prises en décembre contre le Qatar.
A cet effet, ils ont adressé une lettre à la présidente du PE, la Maltaise Roberta Metsola. Les signataires du document, parvenu à Yabiladi, justifient leur revendication par «les ingérences» du Maroc «dans le processus démocratique au Parlement européen, moyennant la corruption (…) L’enquête de la police belge soutient que l’ambassadeur du Maroc en Pologne a versé des sommes importantes et fait des cadeaux importants à Antonio Panzeri (ex-eurodéputé italien) et sa famille».
La politique marocaine de Borrell pointée du doigt
Les eurodéputés déplorent, dans leur missive, que la visite au Maroc du Haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, n’ait pas été suivie par l’annonce de décisions contraignantes à l’encontre du Maroc. Au terme de ce déplacement à Rabat, «l'Union européenne considère le Maroc comme un "ami fiable" et "un partenaire stratégique", malgré son implication présumée dans les scandales», s’étonnent-ils.
Aussi, ils demandent à Mme. Metosla «d'user de ses pouvoirs» afin que «le Parlement européen applique les mêmes mesures prises contre le Qatar au Maroc». Pour rappel, la plénière du PE avait voté, mi-décembre, une résolution appelant à l’interdiction des représentants de Doha d’entrer au siège du Parlement européen et à la suspension des réunions bilatérales.
Prendre les mêmes sanctions à l’endroit du royaume a été défendu, la semaine dernière, par des eurodéputés. En témoignent les interventions, du mardi 17 janvier, de la Française Karima Delli, du Groupe des Verts/Alliance libre européenne, qui a exigé l'interdiction d'accès aux représentants du Maroc au Parlement européen et la révision de tous les accords conclus avec le royaume, intégrant le Sahara. Même son de cloche auprès de la Néerlandaise Tineke Strik, des Verts.
Carles Puidegemont, l’ex-président de la Catalogne, qui avait organisé le 1er octobre 2017 le référendum d’indépendance de la province de l’Espagne, et qui vit depuis exilé en Belgique, figure parmi les signataires. Deux de ses camarades au Parti «Ensemble pour la Catalogne», Clara Ponsatí et Toni Comín, ont également appuyé la même requête.
Le Maroc avait officiellement «rejeté le processus unilatéral d’indépendance» de la Catalogne et exprimé son «attachement à la souveraineté, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du Royaume d’Espagne», indiquait le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué publié en octobre 2017. Les autorités marocaines avaient interdit, en février 2018, une manifestation de soutien aux indépendantistes catalans à Nador.
Pour rappel, une coalition au Parlement européen, composée de la droite classique et des socialistes espagnols avec l’abstention de l’extrême droite, avait rejeté, mi-décembre, une proposition de l’extrême gauche appelant à interdire l’accès aux diplomates marocains au PE. Le projet a été repoussé par 253 eurodéputés, alors que 238 ont voté pour et 67 se sont abstenus.