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Grand Angle

Violence au Maroc : Les professeurs d'universités en danger?

Les professeurs d'universités risquent bientôt de perdre leur autorité, si celle-ci ne l'est pas déjà. Les actes de violences se multiplient dans les facultés du pays et l'OMDH monte au créneau et en appelle à la réactivité du gouvernement.

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Mercredi 17 octobre à l’université Mouley Ismail de Meknès, c’est à un incident des moins attendus qu'a eu droit un professeur la faculté des lettres. En plein cours d’anthropologie, séance tenante, un groupe de jeunes débarque sans crier gare. «Ils m’ont dit qu’ils voulaient parler aux étudiants. Par respect, je leur avais accordé un moment. Ils ont fait un long discours pendant une vingtaine de minutes appelant les étudiants à adhérer à la grève. Aucun étudiant n’a voulu les suivre. Je leur ai alors demandé de sortir. Eh bien leur réponse était que c’était à moi de sortir. Ils m’ont insulté de tous les noms», raconte au journal Le Soir Mustapha Merizak, professeur d’anthropologie, membre du SNESUP [Syndicat national de l’enseignement supérieur]. Et d’ajouter que «le même jour, un autre enseignant de sociologie a subi le même sort».

Les islamistes en cause ?

«Je me demande où sommes-nous ?», s’interroge le professeur prévenant que «l’affaire ira en justice». En effet, une plainte a été déposée auprès de la présidence de l’université qui à son tour saisira le ministère de tutelle.

«Je crois que ces deux branches à savoir la sociologie et l’anthropologie dérangent les islamistes», estime M. Merizak. Est-ce donc les islamistes qui sont à la base de la montée de la violence dans les universités ? En tout cas, le président de l’Organisation marocaine des droits de l’homme [OMDH], Mohamed Nechnach, raconte qu’«après la dissolution de l’Union nationale des étudiants du Maroc [UNEM] par l’ancien ministre Driss Basri, les islamistes intégristes se sont emparés de cette organisation». Depuis lors, les facultés du pays se seraient transformées en champs de bataille où les groupes islamistes et gauchistes essaient chacun d’imposer sa loi dans les campus universitaires en utilisant la violence avec très souvent l'usage de différentes formes d'armes blanches.

Renvoyer les étudiants qui sèment le trouble

Ce problème  est devenu une réalité très dérangeante au sein des universités et l’OMDH tire la sonnette d’alarme. «La violence s’installe de plus en plus dans nos universités comme en témoigne les évènements survenus à Meknès, Fès et Tétouan. Plusieurs personnes ont été blessées. La situation est inacceptable et exige des solutions fermes et urgentes, déclare M. Nechnach.

Pour lui, l’intervention des autorités est une urgence. «La tolérance de la violence à l’université doit cesser. Les étudiants qui veulent imposer leur idéologie doivent être renvoyés. L’université est un espace de formation, de recherche scientifique et de savoir et doit demeurer ainsi». Mais interrogé à ce sujet lors d’une séance orale au parlement il y a quelques mois, le ministre de l’Enseignement supérieur, Lahcen Daoudi, a répondu qu’il prône le dialogue pour résoudre le problème. Mais depuis, rien de concret n’a été fait. Entre temps, les étudiants continuent de faire la loi au sein des campus, sous le regard impuissant des enseignants.

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