L'amélioration de la situation épidémiologique et de l'assouplissement des restrictions et des mesures de précaution en vigueur en 2021 ont fait augmenter le nombre de crimes et de délits au Maroc, a indiqué cette semaine le ministère public. Dans son cinquième rapport annuel, la présidence du ministère public a reconnu toutefois une baisse des délits et crime liés à la falsification, à la contrefaçon et à l'usurpation d'identité, ainsi que celles liées aux affaires terroristes.
Ainsi, le nombre d'affaires commises contre la sécurité et l'ordre public a augmenté de 35% (51 961 affaires ont été enregistrées, pour lesquelles 61 411 personnes ont été poursuivies), tandis que les affaires financières ont crû de 22% (70 803 affaires ont été enregistrées, pour lesquelles 85 512 personnes ont été poursuivies). Le rapport, consulté par Yabiladi, fait également état d’une hausse du nombre d'affaires commises contre les personnes (10%, 124 099 affaires) et celles liées aux atteintes au système familial et aux bonnes mœurs (+4,04%, 28 485). En revanche, le nombre d’affaires liées à la falsification et la contrefaçon a diminué de 7 % (5 533 cas impliquant 7 589 personnes), alors que celles d’affaires terroristes sont passées de 126 en 2020 à 115 cette année (152 personnes poursuivies).
S’agissant de la corruption, le rapport indique que la ligne directe de signalement a reçu 8 090 appels au cours de l'année 2021, à un rythme de plus de 60 appels par jour. «Depuis sa création, cette ligne a permis la saisie de 205 cas de flagrant délit de corruption, pour lesquels des décisions judiciaires ont été rendues», rappelle-t-on. Ainsi, le nombre de crimes financiers au cours de l'année 2021 est passé de 1 486 cas en 2020 à 783 cas au cours de l'année 2021, soit une baisse de 47,30%. Cependant, le nombre d’affaires en cours liées aux crimes de blanchiment d'argent a considérablement augmenté en 2021, atteignant 734 cas, contre 405 cas en 2020.
Plaintes, détention préventive et violences faites aux femmes
Le rapport fait état aussi de l’enregistrement de 522 883 nouvelles plaintes, portant le nombre total de plaintes en cours à 679 080 plaintes, dont 517 460 plaintes qui ont été classées au cours de l'année. Le ministère public explique aussi que les parquets ont reçu, au cours de l'année 2021, un total de 199 plaintes relatives à des allégations de violence, 28 plaintes relatives à des allégations de mauvais traitements, 23 plaintes portant sur des allégations de torture, 24 plaintes concernant des allégations de détention arbitraire et une plainte relative à une disparition forcée. Entre-temps, il a ordonné 435 examens médicaux des suspects présentés devant les parquets.
Le rapport reconnaît aussi que la gestion des dossiers des prévenus a connu «quelques difficultés», pointant «une lenteur de traitement des dossiers des prévenus». Dans ce sens, «le taux de détention provisoire a oscillé entre 44% et 45% au cours du premier semestre 2021». Cependant, au cours du second semestre de l'année, «un double effort a été fait pour accélérer la décision sur les cas des détenus», ce qui a permis de réduire son taux de détention préventive à 42,19%. «Un pourcentage qui, bien qu'encore assez élevé, est inférieur à ce qui a été enregistré fin 2020, au cours de laquelle ce pourcentage a atteint 45,70% de la population carcérale totale», explique-t-on.
La présidence du ministère public fait également état d’une augmentation «significative» du nombre de cas de violences faites aux femmes en 2021, atteignant 23 879 affaires, soit une augmentation de 31% par rapport à 2020. «Cela nécessite des efforts concertés et intensifiés pour contenir ce phénomène», plaide-t-elle. La même augmentation a également touché les crimes commis contre les enfants, passant de 4 828 cas au cours de l'année 2020, au cours desquels 5 424 personnes ont été poursuivies, à 6 314 cas, au cours desquels 6 855 personnes ont été poursuivies. De ce fait, le nombre d'enfants victimes de violences a connu une nette augmentation, atteignant 6 767 enfants en 2021, contre 5 306 en 2020.