En novembre dernier, le voyageur marocain de 54 ans Abderrazzak El Badaoui est arrivé au Qatar, en provenance de France à vélo, afin d’assister au Mondial de football 2022. Natif de Bzou, dans la région d’Azilal, il s’est passionné pour le sport depuis son plus jeune âge. Il commence par les compétitions scolaires, locales ou nationales, à l’intérieur de son école dans le village.
Il confie à Yabiladi avoir toujours gagné ces tournois, c’est ainsi qu’il intègre le Club olympique marocain, à Rabat, pour participer à plusieurs autres compétitions. Plus tard, il a pris part également au célèbre Marathon des sables (MDS).
Un nouveau départ
En 1988, Abderrazzak El Badaoui se rend en France dans le cadre d’un séjour touristique. Il profite de sa présence dans la ville d’Auxerre pour participer à l’une des courses et la remporte, ce qui lui ouvre les portes pour signer un contrat pour rejoindre l’Auxerre Athlétisme. Club. C’est ainsi qu’il s’installe en France jusqu’à avoir la nationalité française.
«Le président du club était présent pendant la course. Quand j’ai atteint la ligne d’arrivée et terminé premier, il m’a proposé de rejoindre le club et m’a promis de m’obtenir rapidement mes documents de résidence. Cette visite a été une belle opportunité.»
Loin des circuits, le coureur, père d’une fille, aime relever des défis insolites. En 2019, il décide de partir de la ville d’Auxerre pour joindre Bzou, en course. Il parcoure une distance de 2 500 km, en un mois.
Abderrazzak El Badaoui nous confie s’être préparé à relever ce défi pendant deux ans. Les températures élevées, jusqu’à 43 degrés, étaient parmi les obstacles les plus difficiles auxquels il était confronté. «Quand je suis parti de France, j’ai dû boire 9 à 10 litres d’eau par jour. A mon arrivée en Espagne, j’en ai consommé 15 par jour, à cause de la chaleur excessive», se rappelle-t-il.
En 2021, il a décidé de voyager entre la Tour Eiffel à Paris et le Burj Khalifa à Dubaï, à vélo, et a parcouru environ 6 000 km, durant un mois et demi. «J’ai eu des pannes de vélo au moins dix fois. Chaque arrêt était un moment frustrant», reconnaît-il. Pour autant, ces moments l’ont poussé aussi à renforcer sa détermination et à continuer à aller de l’avant dans cette aventure.
La même année, il se lance dans une autre aventure, pour relier la ville de Tanger à Laâyoune, parcourant une distance de 1 600 km, à l'occasion de la commémoration de la Marche verte.
«Mon arrivée au Qatar a été un miracle»
Le 18 septembre 2022, Abderrazzak El Badaoui décide de se lancer dans une autre aventure. Depuis Auxerre encore, il prend le cap vers Doha, afin d’encourager l’équipe nationale marocaine qui a participé au Mondial 2022. Il parcourt 11 pays, pour assister aux compétitions de la Coupe du monde, en appelant sa course à vélo «le défi de la paix».
«Lorsque je passais par la Turquie, j’ai été victime d’un accident, à la suite duquel j’ai été fracturé au niveau d’une des côtes, ce qui a nécessité mon admission à l’hôpital d’Istanbul. Le médecin m’a mis en garde en me recommandant de ne pas continuer le voyage dans cet état.»
Il se souvient d’un accident difficile, dans lequel il aurait pu perdre la vie. «Mon vélo avait glissé à cause de la forte pluie. Sans port du casque, j’aurais subi une blessure grave à la tête. Mais j’ai décidé continuer le chemin, même si je connaissais l’ampleur du risque», nous a-t-il déclaré, évoquant «une opportunité de promouvoir le Maroc».
A son arrivée au Qatar le 8 novembre, il a été reçu par l’ambassade du Maroc à Doha, ainsi que par celle de France. A la veille du match entre le Onze national et les Bleus, il a offert son vélo à l’émir du Qatar, cheikh Tamim bin Hamad Al Thani.
En plus de ses défis, Abderrazzak El Badaoui travaille comme employé dans le secteur de la santé, où l’administration lui permet des facilités de congé afin de voyager. Il donne également des conférences dans plusieurs établissements d’enseignement en France, sur la gestion de l’anxiété.
Abderrazzak El Badaoui affirme que si certains peuvent considérer ces défis comme de simples distances entre le point de départ et celui d’arrivée, il s’agit pour lui d’un défi à travers lequel il se prouve d’abord à lui-même et aux autres que rien n’est impossible, face à la détermination et la persévérance.
Quant à ses futurs projets, Abderrazzak El Badaoui entend retourner au Qatar, afin de faire le tour des huit stades qui ont accueilli les matchs de la Coupe du monde, à vélo, en plus de traverser l’Australie de Sydney à Perth, soit une distance d’environ 3 800 km.