La nouvelle est rapportée ce mardi par le journal suisse Le Temps. Selon le quotidien helvétique, un homme d’origine marocaine, présenté comme un ami d’enfance par Meyer Elmaleh, le gestionnaire de fortune indépendant qui blanchissait l’argent en Suisse, aurait quitté le Maroc juste avant la vague d'arrestations du 10 octobre dernier.
Lors de son interrogatoire, l’aîné des trois frères Elmaleh aurait expliqué que cet ami lui avait proposé un arrangement permettant à ses clients de disposer en toute discrétion de liquidités en France contre des virements de leur compte suisse vers des «donateurs cherchant à fournir de l'argent en toute discrétion à des personnes ou des institutions en Israël ou ailleurs», rapporte Le Monde, ce mardi 16 octobre.
Le chaînon manquant
Pour mémoire, dans l’ingénieux trafic fomenté par la fratrie Elmaleh, Meyer était chargé de débiter sur les comptes suisses de riches Français les sommes que ces derniers empruntaient en liquidité à son jeune frère, Mardoché. Celui-ci en possédait en quantité considérable puisqu’il était en charge de collecter l’argent de la revente du cannabis, à Paris.
«L’ami» en question aurait donc servi d’intermédiaire entre d'un côté, ces Français nantis – à la recherche de liquidités au noir aisément disponibles – et de l'autre, les frères Elmaleh – à la recherche pour leur part d’un moyen de blanchir l’argent lié à la revente de la résine. Gros bonnet du trafic de cannabis en provenance du Maroc vers la France, l’homme aurait donc constitué le chainon manquant de ce plan quasi-parfait.
Une ligne de défense à revoir
C’est la découverte du journal de l’assistante de Meyer Elmaleh, interpellée puis libérée sous contrôle judiciaire, qui aurait permis de mettre le doigt sur l'existence de cet individu. Dans son «petit cahier à spirale», l’assistante notait toutes les transactions effectuées, y compris les noms des bénéficiaires. Or, lors des perquisitions à la société Meyer Elmaleh effectuées en fin de semaine dernière, ledit carnet aurait été saisi, ainsi qu’une vaste documentation, révélant ainsi l’existence de ce fameux «ami».
La découverte de l'existence de cet intermédiaire arrive au plus mauvais moment pour l’avocat de Meyer Elmaleh, Me Stickel-Cicurel, qui comptait justement jouer de la faiblesse du lien entre le trafic de drogue à Paris et les transactions financières frauduleuses à Genève pour disculper son client des suspicions de participation et d'organisation à un trafic de drogue qui pèsent sur lui actuellement. Dans une entrevue accordée à La Tribune de Genève dimanche dernier, l’avocat avait d’ailleurs fait savoir que son client «admet avoir fait ces opérations de compensation mais conteste avoir travaillé avec de l’argent issu d’un trafic de drogue». «D’ailleurs à ma connaissance du dossier, je ne comprends pas ce qu’on lui reproche au-delà du problème fiscal» avait-il renchérit. Sauf qu'aujourd'hui, la découverte de ce fameux intermédiaire compromet totalement cette ligne de défense puisqu'elle établit, de façon assez explicite, le lien entre le trafic de cannabis à Paris et le blanchiment de l'argent à Genève. L'étau juridique semble donc se resserer autour de Meyer Elmaleh.