Quand Reporter Sans Frontière (RSF) dénonce 3 atteintes à la liberté de la presse au Maroc, le Syndicat National des Journalistes Marocains (SNPM) attaque Omar Brouksy, correspondant de l’AFP. RSF a publié, le 8 octobre, un communiqué pour dénoncer trois attaques contre la liberté d’expression, dont le retrait de l’accréditation du journaliste de l’AFP, Omar Brousky, par le ministère de la Communication. Le SNPM n’a pas réagi officiellement mais, le même jour, il publie, au contraire, un communiqué via la MAP, où il exprime son indignation face aux «insultes et injures» que Younes Moujahid, le président du SNPM aurait reçu de Omar Brouksy.
«Le correspondant de l'AFP a qualifié Younes Moujahid, président du syndicat, dans une déclaration au site électronique Goud.ma de «petit Ben Ali» en référence au président tunisien déchu», indique le communiqué. Le comité exécutif du SNPM indique aussi que M. Brousky a eu «constamment» recourt au SNPM dont «la porte lui était toujours ouverte. [Le syndicat ] l'a appuyé dans nombre de circonstances […] la dernière en date fut lorsque le ministère de la Communication, alors dirigé par Khalid Naciri, lui avait refusé l'accréditation».
«Le SNPM ne m’a jamais offert aucune aide»
Contacté, Omar Brousky refuse de réagir à ce communiqué, mais il nie fermement avoir déjà eu recours à l’aide du SNPM, ni se l’être jamais vu proposée. «A aucun moment, je n’ai sollicité l’aide du SNMP car je n’y aurai pas recours tant qu’une personne telle que Younes Moujahid sera à sa tête. Je maintiens mon opinion sur lui et tout le monde la connait», conclut le journaliste de l’AFP. Le 25 août, toutefois, lorsque Omar Brouksy, parmi d’autres journalistes, avait été frappé par les forces de l’ordre pendant une manifestation, le SNPM avait émis un communiqué global pour «exprimer sa solidarité avec les journalistes agressés» et les inciter «à déposer des plaintes devant les tribunaux compétents.»
Une autre affaire concernant Ali Lmrabet, ancien directeur de publication du journal satirique Demain Magazine, est pointée du doigt par RSF dans son communiqué. «Nous appelons le gouvernement marocain et les autorités locales de Tétouan à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger Ali Lmrabet et mettre fin à la campagne de harcèlement que subit le journaliste pour n’avoir fait qu’exercer sa liberté d’expression», a déclaré Reporters sans frontières. «Le SNPM ne m’a jamais offert aucune aide, il est du genre à condamner les journaux avant même que les tribunaux ne le fasse», ironise Ali Lmrabet, interdit d’exercer jusqu’en 2015.
Yabiladi : Le SNPM attend
«Je me rappelle avoir discuté avec M. Moujahid, qui est de ma ville, Tétouan ; il m’avait dit «si tu veux qu’on te défende il faut que tu t’affilies», raconte Ali Lmrabet. En 2005, lorsque le journaliste avait écopé d’une interdiction d’exercer son métier de 10 ans, le SNPM l’avait soutenu du bout des lèvres. «Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a appelé à la révision du verdict prononcé contre Ali Lmrabet, tout en exprimant son désaccord avec lui», indiquait un communiqué.
La dernière affaire soulevée par le communiqué de RSF est celle de Yabiladi.com. Là encore, alors que l'affaire n'implique ni le gouvernement ni le palais royal, le SNPM préfère attendre pour se prononcer. Mohamed Ezzouak, directeur de publication du site, s’est déplacé au syndicat, après avoir reçu la convocation du tribunal consécutive à la plainte pour diffamation de Driss Ajbali, responsable du CCME. «J’ai été reçu par Younes Moujahid qui a lu l’article sur la base duquel je suis accusé. Il a d’abord reconnu qu’il n’y avait pas diffamation, puis il a proposé de contacter Driss Ajbali pour trouver une solution à l’amiable», raconte Mohamed Ezzouak. «Je n’étais pas venu pour ça, je voulais simplement que le SNPM prenne position et soutienne Yabiladi, mais le Syndicat attend pour s’exprimer», note-t-il circonspect. Un responsable du SNPM, contacté hier après-midi, a expliqué qu’il «attendait avant de prendre position car les tribunaux ne se sont pas encore prononcés.»