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Grand Angle

Maroc : L’abattage des chiens n’épargne pas ceux vaccinés et stérilisés à Tanger

A Tanger, les autorités ont lancé une nouvelle croisade contre les chiens errants. Pour Salima Kadaoui, associative de la ville et qui s’est même fait intoxiquer après que deux chiens vaccinés et stérilisés ont été empoisonnés, cette mobilisation interviendrait à la vielle d’une prochaine visite royale dans la capitale du Détroit.

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Des chiens bouclés au siège de l'association Sanctuaire de la Faune de Tanger (SFT). / DR
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La semaine dernière, Salima Kadaoui a failli perdre la vie après avoir récupéré deux chiens que son association, le Sanctuaire de la Faune de Tanger (SFT) a déjà vaccinés, stérilisés et déparasités mais qui ont empoisonnés. «En ramassant les chiens pour les ramener à la clinique, j’ai touché moi-même le poison et je me suis fait intoxiquée par un poison très dangereux», nous confie l’associative.

«Heureusement, j’ai reconnu les symptômes qui touchaient mon système nerveux, avec des convulsions, des nausées, maux de tête et vomissement. Je me suis mise sous perfusion tout de suite», ajoute-t-elle.

Salima Kadaoui a demandé à la Wilaya de Tanger de mener une enquête pour identifier les responsables et savoir s’il s’agit d’un poison vendu à tout le monde. «Mais j’ai l’impression que ce n’est pas le cas et que c’est un poison utilisé par la municipalité. Dans tous les cas, il doit être totalement interdit», appelle-t-elle. «Utiliser ce produit, c’est empoisonner également la terre. Il est très dangereux pour tout le monde.»

«Nous avons envoyé le poison en France pour savoir quel genre de poison. Je pense qu’il est strictement interdit au Maroc, car il empoisonne tout. Après avoir massacré des chiens, ils les ont enterrés à la Forêt diplomatique. On empoisonne donc également la terre. J’ai honte pour les autorités de Tanger.»

Salima Kadaoui

Pour l’associative, «tout a commencé par les deux chiens bouclés (portant une boucle pour indiquer qu’ils ont été vaccinés contre la rage et stérilisés, ndlr)». «J’ai récupéré d’autres chiens bouclés de la corniche, Marqala, Dradeb, Malabata. J’ai plus de 80 chiens dans les locaux de l’association. C’est de la folie, car en même temps, il y a un massacre de chiens qui sont abattus», dénonce-t-elle.

Une opération menée «à la veille d’une visite royale»

Notre interlocutrice rappelle qu’il existe pourtant une convention quadripartite sur la gestion de la population canine qui interdit de tuer ces animaux. «De plus, Sa Majesté a donné l’ordre d’interdire de tuer les chiens et chiens errants. Il s’agit de chiens bouclés alors que nous faisons tout, vaccination, stérilisation et déparasitage. Ils deviennent ainsi des policiers contre la rage et des agents sanitaires», fait-elle savoir, alors qu’elle continue de récupérer, ce dimanche, des chiens des différents boulevards de Tanger pour les sauver de l’abattage.

La présidente de SFT donne l’exemple d’un groupe de dix chiens. «Si un autre enragé vient mordre l’un, le premier meurt et quinze jours plus tard, le deuxième meurt aussi mais va contaminer un troisième et la maladie se propage. Lorsqu’il s’agit de dix chiens vaccinés, si un onzième enragé vient mordre l’un d’eux, le premier meurt sans que la maladie ne se propage», explique-t-elle.

«Je suis furieuse, car je pense que cela est lié à une visite royale et que c’est pour cela qu’ils ont fait un grand massacre. Je trouve que c’est honteux. Si Sa Majesté était au courant, il serait furieux. Je veux bien comprendre, car cela n’a aucun sens.»

Salima Kadaoui

L’associative rappelle avoir commencé son projet en 2016 et d’avoir signé la convention en 2017 avec la mairie de Tanger. «On a donc stérilisé, déparasité et vacciné plus de 3 300 chiens. La Fondation Brigitte Bardot a contribué pour un total de 1 200 chiens en cinq ans», rappelle-t-elle en insistant que «la convention garantit que les chiens bouclés ne sont pas touchés par les opérations d’abattage».

Elle rappelle la réunion, tenue il y a quelques semaines, autour de l’action pour résoudre la problématique des chiens errants. «J’ai proposé de former 10 bénévoles pour récupérer ces chiens et de mettre les voitures de l’association à leur disposition. Depuis, je n’ai pas eu de nouvelles jusqu’à ce que deux de mes chiens ont été empoisonnés et que moi-même je me suis fait intoxiquer. Si c’était quelqu’un d’autre, il pourrait être mort actuellement», regrette-t-elle.

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