Majestueux, il est connu pour être le symbole de la royauté au Maroc et l’emblème du sceau royal. Dominateur, il est également connu pour être le nom qu’usurpe pour l’heure le onze national. Impérial, son port altier et sa puissance font de lui le roi de nos montagnes.
Le temps a beau passer, le Lion de l’Atlas n’en finit pas de susciter respect et fascination chez ses admirateurs. Habitant les contreforts de l’Atlas depuis des siècles, il a choisi le royaume chérifien pour territoire. Ou «avait» choisi, pour être plus exact.
Une espèce qui a frôlé l’extinction
1922, Protectorat. Un colon français abat ce qui peut être considéré comme le dernier lion de l’Atlas vu à l’état sauvage. L’espèce est alors, pendant un temps, déclarée éteinte.
«On a cru pendant longtemps que cette espèce avait disparu, mais le sultan Mohammed V (futur roi, ndlr) comptait quelques lions de l'Atlas dans son parc privé», explique Abderrahim Salhi, un des responsables du zoo de Rabat, à l’AFP. «Après l’indépendance du Maroc, en 1956, les lions de l’Atlas du parc royal ont formé le noyau central du zoo et sont devenus un symbole de fierté» poursuit-il.
C’est d’ailleurs précisément à ce moment que l’espèce devient le symbole de la monarchie alaouite. Mohammed V, qui vient tout juste d’être couronné roi du Maroc, ne cache en effet pas sa fierté de posséder une douzaine de spécimens du félidé dans ses jardins privés, d’autant plus que ces derniers lui ont été offerts par des chefs de tribus en hommage ou en signe d’allégeance à son trône.
Pendant près de soixante ans, l’espèce survit donc en captivité dans les jardins exotiques du palais royal, puis du zoo de Rabat . Aujourd’hui, c'est le nouveau zoo de la capitale qui compte le gros de la population féline, accueillant «32 [représentants de l’espèce], soit la moitié de ce qui reste aujourd'hui dans le monde» fait valoir M. Salhi.
Naissance récente de trois lionceaux
Le responsable du zoo a raison s’enorgueillir. En plus de l’ouverture de son parc zoologique flambant neuf aux abords de Rabat (Temara) – qui n’a rien à envier aux parcs zoologiques européens –, un heureux évènement est venu récompenser sa persévérance et celle de son équipe en matière de lutte pour la préservation de l’espèce: trois bébés lionceaux sont en effet nés dans les enclos de Témara à la fin de l’été.
«Ces lionceaux sont des descendants directs des lions de l’Atlas car la plupart des lionceaux et lions ici, sont de pures souches. Ils ne sont pas mélangés» déclare Salhi, qui a personnellement supervisé leur naissance. «Ces naissances contribueront davantage à protéger l’espèce de la disparition totale», ajoute-t-il.
«Notre priorité, c’est leur protection»
Collaborant avec d’autres zoos à travers la planète, le responsable du parc a à cœur de mener à bien sa mission de préservation et de développement de l’espèce. «C’est un gros défi. Notre priorité, c’est leur protection» affirme-t-il avec conviction.
Il faut dire que de protection, l’espèce en a bien besoin. Cible intemporelle de la folie meutrière de l’homme, du temps de l’antiquité romaine où les lions de l’Atlas étaient envoyés «à l’abattoir» du Colisée, aux temps modernes (19ème et 20ème siècle) où ils furent victimes d’un braconnage intensif, les lions de Barbarie – leur autre nom – n’ont jamais eu de barbare que ce que l’espèce humaine lui a de tout temps fait subir. Aujourd’hui, c’est la déforestation massive que connaissent certaines régions du Maroc qui pourrait être fatale à l'espèce. D’où la nécessité de la protéger au mieux et d’assurer, en attendant son retour à l'état sauvage, le développement de sa population en captivité jusqu'à ce que celle-ci atteigne un niveau acceptable.
Cela dit, avec une quarantaine de représentants de l'espèce au Maroc, et peut-être une centaine tout au plus dans le monde, le retour à l’état sauvage du Lion de l'Atlas n’est certainement pas près d'arriver de sitôt. Aussi, que les émules de Jamel Debbouze se rassurent car ils ne sont pas prêts de tomber nez-à-museau avec ce «gros chat» de 225 kilos en allant faire leur pique-nique dominical.