Par temps de crise, mieux vaut aller voir si l’herbe n’est pas plus verte de l’autre côté de la barrière méditerranéenne. Voici, semble-t-il, le nouveau crédo des ingénieurs espagnols qui, faute de trouver un emploi en Espagne, viennent de plus en plus massivement s’installer au Maroc pour des raisons professionnelles. D’après une carte interactive élaborée par Structuralia, l’un des leaders espagnols dans le secteur de l’énergie, de l’ingénierie et des infrastructures, le royaume constitue de fait le second pays en termes d’opportunités de marché et donc d’emploi, pour les ingénieurs et entreprises espagnoles de ce domaine, aux côtés de la Thaïlande et de la Russie, rapporte les Echos Quotidiens, ce lundi.
L'Eldorado marocain
Il faut dire qu’avec les grands projets d’infrastructures et d’énergies en cours ou en gestation, le Maroc a des allures d’eldorado pour les ingénieurs ibères. Confrontés à un marché de l’emploi des plus atones en Espagne, ces derniers savent que leur expertise est très courtisée au Maroc où les offres d’emplois qualifiées pullulent. Aussi, plutôt que d’attendre que la conjoncture s’améliore dans leur pays, ces derniers n’hésitent-ils pas à plier bagage et à migrer vers le royaume pour le travail, à l’instar des jeunes diplômés français. «Nous ne parlons plus de fuite des cerveaux mais de circulation du talent. Notre infographie signale les marchés que les ingénieurs et entreprises espagnols ne doivent pas laisser passer» informe Juan Antonio Cuartero, directeur marketing de Structuralia. Selon la carte interactive, le Maroc arrive au second rang de ces marchés, juste derrière la Chine, le Brésil et les Etats-Unis, destinations de premier ordre pour les ingénieurs et entreprises espagnols.
Le Maroc : Du pain béni pour les entreprises espagnoles
A l'image des ingénieurs, les entreprises ibères sont elles aussi à l’affût des opportunités que le Maroc a à leur offrir. Et avec la cascade de projets solaires, éoliens, d’électrification ou encore portuaire qui s’y succèdent, celles-ci ne manquent pas. L’absence de main-d’œuvre suffisamment qualifiée oblige en effet le royaume à faire appel à l’expertise étrangère. Or, quand celle-ci n’est pas française, elle est, le plus clair du temps, espagnole, permettant ainsi aux entreprises de la péninsule de rafler des marchés très juteux. En atteste l’exemple récent de l’attribution de la centrale solaire de Ouarzazate à un consortium hispano-saoudien et qui a permis à son adjudicataire espagnol, Acciona, de rafler le plus gros contrat jamais empoché par une entreprise espagnole au Maroc (700 millions d’euros).
Pour ce seul marché d'ailleurs, les besoins ne devraient pas s’arrêter là. Comme le rappelle Les Echos, 4 autres centrales solaires sont prévues à l’horizon 2020 pour atteindre le quota des 42% d’énergies renouvelables dans la production d’énergie nationale. A cette fin, le Plan Solaire Marocain prévoit l’embauche de 47 000 personnes, parmi lesquelles près de 3000 ingénieurs sur les huit prochaines années. Gageons qu’en l’absence de formation toujours adéquate au Maroc, la plupart de ces postes devraient revenir à des ingénieurs étrangers. Du pain bénit donc pour les ingénieurs espagnols.