Après avoir cédé à la pression de l’Union européenne, l’Algérie tente de minimiser l’impact de son rétropédalage. Une opération de communication confiée au ministère des Affaires étrangères et non à la présidence de la république.
Ce samedi, le département de Ramtane Lamamra a publié un communiqué, condamnant «la précipitation et le parti-pris» de la Commission européenne. Des déclarations qui «mettent en évidence le caractère inapproprié de leur contenu, s’agissant d’un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l'UE et ne nécessitant par voie de conséquence nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective», indique la même source.
Hier, le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission en charge du Commerce, Valdis Dombrovskis, ont mis en garde l’Algérie contre les «mesures coercitives appliquées à l’encontre» de l’Espagne. «Cela conduirait à un traitement discriminatoire d’un Etat membre de l’UE et nuirait à l’exercice des droits de l’Union au titre de l’accord», d’association avec l’Algérie, conclu en 2005, ont-ils menacé.
Alger a défendu le bienfondé de la suspension du traité d’amitié avec l’Espagne. Une décision qui «répond à des considérations légitimes, qui tiennent pour l’essentiel à ce que le partenaire se soit délié d’obligations et de valeurs essentielles inscrites dans ce Traité, prenant ainsi la responsabilité de vider cet instrument juridique de sa substance et de mettre en cause sa pertinence dans les relations entre les deux parties audit traité». Un passage qui apporte, si besoin est, une preuve de plus de la centralité du Sahara occidental pour l’Algérie.
Et de préciser qu’«au vu de ce constat, le gouvernement algérien a pris soin de préciser publiquement la portée de la mesure conservatoire qu’il a été amené à prendre pour préserver des intérêts suprêmes, d’ordre moral et stratégique, du pays face à des actes attentatoires à l’objet et à la finalité du Traité».
Jeudi la présidence de la république algérienne a justifié la suspension du traité par les «violations» des autorités espagnoles de «leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le Royaume d'Espagne jusqu'à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies».
Pour rappel, le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération entre l’Espagne et l'Algérie a été conclu le 8 octobre 2002, soit seulement quatre mois après la crise ouverte entre Rabat et Madrid sur la souveraineté sur l’ilot Perejil.