A la demande du Parti populaire, soutenu par d'autres partis de la majorité comme de l'opposition, le chef du gouvernement espagnol a comparu, ce mercredi, devant la Chambre des représentants du parlement espagnol. Il était appelé à apporter des éclaircissements sur la nouvelle étape des relations avec le Maroc.
Lors de son passage, dont les grandes lignes ont été révélées par Publico, Pedro Sánchez a défendu la nouvelle position de son gouvernement sur la question du Sahara occidental, assurant que le bilan de la nouvelle phase des relations avec le Maroc après deux mois est «positif». Le chef de l’exécutif espagnol a souligné que cela n’aurait pas été obtenu sans la nouvelle position sur le Sahara, en réaffirmant considérer le plan d’autonomie comme «la base la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste» pour résoudre le conflit. Pedro Sánchez a ajouté qu'il respecte les positions des autres qui «peuvent penser le contraire, mais il faut résoudre ce conflit qui dure depuis longtemps».
Le responsable espagnol a noté que «la solution doit être acceptée par les deux parties», faisant savoir que la position espagnole reste «conforme aux positions d'autres pays comme la France, l'Allemagne, les États-Unis et les Pays-Bas». «Après plusieurs décennies, de nombreux pays ont compris quelle est la solution la plus réaliste», a-t-il déclaré.
España tiene la voluntad de ser parte activa de la respuesta europea a la guerra de Putin, de abordar la buena vecindad con Marruecos y contribuir a una salida de consenso y auspiciada por la ONU para el Sáhara Occidental. No somos ni seremos espectadores de la política exterior. pic.twitter.com/KCTMhrSycf
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) June 8, 2022
Sánchez a insisté sur le fait que son pays «n'a pas ignoré la question du peuple sahraoui» mais a plutôt placé la discussion là où elle «devrait être». Dans ce sens, il a défendu la poursuite et le renforcement de l'aide humanitaire aux camps de Tindouf. «47 ans devraient suffire pour comprendre que nous devons changer nos positions», a-t-il poursuivi.
«L'Espagne a un intérêt particulier à résoudre ce conflit», a affirmé Pedro Sánchez, qualifiant la normalisation des relations avec le Maroc de «question d'Etat». Il a soigneusement évité de parler de l'Algérie et de l'impact de la nouvelle position de son gouvernement sur les relations algéro-espagnoles.
Ceuta et Melilla et les réponses de l'opposition
Dans sa réponse, le groupe Unidas Podemos, membre de la coalition gouvernementale, a exprimé son rejet de la décision de Sanchez. «Le Maroc est la puissance envahissante du Sahara, et l'évolution de la situation est considérée comme faisant suite à la politique de Donald Trump», a déclaré son porte-parole, Pablo Echenique.
Pour sa part, Cuca Gamarra, porte-parole du Parti populaire a rappelé que le changement de position de l'Espagne sur le conflit a provoqué la colère de l'Algérie, en affirmant que les exportations espagnoles ont été «affectées» par cela, tandis que les Espagnols «en paient les conséquences». «Le cadeau du Sahara [au Maroc] n'est que pour vous, pas pour le prochain gouvernement espagnol», a ajouté de son côté, Santiago Abascal, chef du parti d'extrême droite Vox.
En revanche, Pedro Sánchez a assuré devant les députés espagnols qu'il n’accepte pas de parler de «Ceuta et Melilla comme des villes occupées», ajoutant qu'il a souligné cette position lors de sa visite dans les deux villes. Il a aussi insisté sur le fait que la nouvelle relation avec le Maroc démontre «sans aucun doute» la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla, exprimant son espoir qu'«une frontière douanière normale s'ouvrira bientôt, avec un commerce régulier et ordonné, comme le meilleur moyen d'y parvenir».
Sánchez a également évoqué l'importance de la question migratoire comme «l'un des plus grands défis», ajoutant que «l'Espagne ne tolérera pas l'utilisation de la question comme arme de pression» et rappelant s’être mis d’accord avec le Maroc pour arrêter les «mesures unilatérales». Le chef du gouvernement espagnol a également abordé la reprise des négociations sur la délimitation des frontières maritimes et a déclaré, en référence aux îles Canaries, que «la sécurité» de leurs eaux territoriales est «garantie».
Il est à noter que la comparution de Sánchez devant le Parlement a coïncidé avec l'ouverture d'une enquête judiciaire sur des accusations d'espionnage sur son téléphone portable et les téléphones d'un groupe de ministres, en utilisant le programme israélien Pegasus.