Parmi 120 grands groupes français, seulement 3,5% des dirigeants des comités exécutifs (Comex) et 4,2 % des membres des conseils d’administration (CA) sont des personnes issues des minorités visibles ou portant un nom à consonance africaine, maghrébine ou asiatique, indique une étude publiée lundi. Aussi, pour les directeurs généraux ou président-directeur général des Sociétés des bourses françaises (SBF) 120, seulement deux ont une nationalité extra-européenne et deux dont binationaux.
Réalisée par Mozaïk RH, cabinet de recrutement spécialisé dans l’inclusion, et «Me and You Too», qui lutte contre les discriminations au travail, l’étude porte sur la diversité ethnoculturelle dans les instances dirigeantes des SBF 120, incluant celles du CAC 40, rapporte Le Monde. «Objectiver ainsi la situation devrait permettre aux entreprises de sortir du déni et de progresser», précise Saïd Hammouche, président fondateur de Mozaïk. «Avec cette étude, les entreprises ne pourront plus dire qu’elles ne savent pas ou qu’elles n’ont pas le droit de savoir», ajoute-t-il.
L’État n’est pas exempt de critique, bien au contraire, car parmi les 20 sociétés où il détient plus de 10% du capital ou au moins un siège conseil d’administration, seul 1,7% des dirigeants des Comex et 5,3% des membres des CA sont issus de minorités. «L’État devrait être exemplaire et plus vigilant que tout autre, il ne l’est pas», dénonce Inès Dauvergne, cofondatrice de Me and You Too.
Pour cette étude, 3 272 membres de comités exécutifs et de conseils d’administration des entreprises du SBF au 31 décembre 2021 ont été recensés. La diversité ethnoculturelle a été mesurée à base de photos pour déterminer la «minorité visible», les patronymes à consonance extra-européennes et les nationalités.
La moitié des entreprises du SBF 120 n’ont aucune diversité culturelle, ni dans leur Comex ni dans leur CA, déplorent les auteurs de l’étude, qui sont particulièrement critiques des quatre entreprises du secteur «produits de luxe-accessoires», qui ne présentent aucune diversité ethnoculturelle dans leurs CA.
«Le changement des mentalités ne se fait pas tout seul, il faut mettre en place des démarches bien plus volontaristes pour casser le système de reproduction des élites. C’est une question de survie pour ces grands groupes : ils doivent être à l’image de la société s’ils ne veulent pas finir totalement déconnectés», estime Inès Dauvergne.