Le CCME connaît une guerre larvée entre ses principales têtes d’affiche. Driss El Yazami, l’actuel président de ce conseil consultatif, risquerait d’en payer le prix cher. Ses principaux adjoints mènent une campagne visant à l’éjecter de son confortable fauteuil. Des sources que nous avons contactées affirment que les premiers contacts ont déjà eu lieu entre les meneurs de la fronde et des représentants d’associations des Marocains du monde, la plupart mécontents de la gestion d’El Yazami du CCME.
A cet effet, les mêmes sources citent les nombreux entretiens qu’aurait eu le coordinateur général du CCME, Driss Ajbali, durant le mois d'août au siège du conseil, avec des MRE et une tournée en Europe avec d'autres membres d'associations de MRE. Des rencontres dont l’objectif nodal serait de préparer le terrain à l’émergence d’une nouvelle équipe à même de gérer les affaires, de représenter et défendre les intérêts des Marocains du monde. Le dialogue est enclenché reste cette lancinante question : Sauront-ils réussir à évincer El Yazami de la présidence du CCME ?
Les arguments de la fronde
Les mêmes sources et sans apporter une réponse claire à notre question, soulignent, en revanche, que le président serait isolé, perdant le soutien de ces plus proches collaborateurs. En plus de Driss Ajbali, le coordinateur général du CCME, le courant ne passe plus entre le président et Abdellah Boussouf, le secrétaire général. Ce dernier ambitionne de devenir le n°1 du CCME.
La fronde des hommes du président s’appuie, en effet, sur le propre bilan de Driss El Yazami : des commissions en jachère depuis bien des années, le conseil d’administration qui ne s’était pas réuni depuis deux années et la présentation d’un rapport sur les activités du CCME au roi Mohammed VI n’a pas encore eu lieu. Et pourtant, le mandat de l’actuelle équipe du conseil consultatif s’est terminé en décembre 2011. Dans l’ensemble, voilà l’argumentaire des frondeurs lors des discussions avec les associations de MRE durant le mois d’août que ce soit au Maroc ou en Europe. Les deux hommes ont-ils oubliés qu'ils font partis de l'équipe qui a géré le CCME avec El Yazami ?
Un multi-président
En plus de ces «arguments», plus au moins discutables, les mêmes sources nous confient que la fronde dénonce le fait qu'El Yazami ne peut en aucun cas assumer convenablement la responsabilité du gouvernail du CCME et celui du CNDH sans oublier le cumul d’autres fonctions : membre du CES (conseil économique et social) et de la Haute instance du dialogue national sur la réforme de la justice. Autant de missions qui nécessitent du temps. «Seul un superman est en mesure de les accomplir», ironisent-elles.
Le timing de cette mobilisation contre Driss El Yazami n’est guère fortuit. Il coïncide avec le début d’une réflexion sur une nouvelle institution qui soit assez représentative des MRE et parfaitement en phase avec la nouvelle constitution du 1er juillet 2011. Cette réflexion n’est pas sans rappeler celle qui a précédé la création du CNDH à la place du CCDH. Reste cette question qui sied au cas du CCME : parvient-on à faire du nouveau avec de l’ancien ? Surtout que cette même direction du CCME n'a toujours pas répondu aux questions posées par Yabiladi.com sur le fabuleux train de vie de Driss Ajbali.