Pour qu’une politique économique soit efficace et structurante, il est impératif qu’elle soit construite sur la base de la réalité économique c'est-à-dire sur l’environnement socio-économique, à l’aune de datas factuels, de statistiques et d’études sectorielles.
A-t-on jamais disposé dans notre pays d’études sérieuses sur l’ampleur et la portée de l’économie informelle, sur le patrimoine foncier de l’Etat ou encore sur la gangrène de la spéculation ? L’on se perd de conjecture en conjecture en se projetant toujours dans des résultats à terme, en faisant l’impasse sur l’existant dont le diagnostic n’est pas nécessairement reluisant.
L’abstraction ou les polémiques stériles sur les modèles de développement concoctés ici ou là ne peuvent façonner de politique économique, ni de politique tout court. Le décideur en économie politique ne doit jamais perdre de vue le concret, le réel, en démythifiant les modèles «ready made» de telle ou telle école de pensées économiques, en s’inspirant toutefois des «findings» de leurs travaux sans dogme ni catéchisme.
Au Maroc, les déterminants de la problématique du développement, tels le problème de la répartition du revenu national, les disparités salariales, les inégalités sociales, le problème de l’orientation des investissements publics, la pléthore des administrations publiques et des fonctionnaires, les affectations spéciales du budget de l’Etat, l’absence d’une économie de l’espace, demeurent peu débattus. Autant de sujets en instance d’analyses requises à toute politique économique.
Enfin le distinguo et clivages fallacieux établis entre micro et macro économie - segments imbriqués l’un dans l’autre dans la réalité - ne permettent pas l’élaboration d’une véritable politique économique et encore moins une stratégie de développement digne de ce nom.