Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé l’attaque, attribuée dimanche par le Polisario aux Forces armées royales. Celle-ci aurait «ciblé des civils non armés et leurs biens dans les territoires libérés de la République sahraouie et causé des dommages à leurs biens», selon la version de l'agence SPS.
«L’Algérie condamne énergiquement les assassinats ciblés commis au moyen d’armes de guerre sophistiquées par le Royaume du Maroc, en dehors de ses frontières internationalement reconnues, contre des civils innocents, ressortissants de trois pays de la région» a souligné le département Lamamra dans un communiqué publié ce mardi.
Alger pointe «l’acharnement contre des civils à travers des homicides intentionnels et prémédités constitue une violation systémique grave du droit humanitaire international qui doit être vigoureusement dénoncée et résolument dissuadée».
Elle signale que «l’aventurisme que portent les visées expansionnistes du Royaume du Maroc doit interpeller le Conseil de sécurité des Nations Unies ainsi que l’envoyé personnel du secrétaire général, Staffan De Mistura, dont la mission et les efforts d’apaisement se trouvent sérieusement hypothéqués par ces atteintes graves et répétées à la sécurité dans les territoires sahraouis occupés et leur voisinage immédiat avec des risques sérieux de dérives régionales potentiellement périlleuses».
Flagrantes dissonances
Force est de constater qu’entre le communiqué de l’agence de presse du Front Polisario et celui du ministère des Affaires étrangères algérien, il y a divergences. D’abord sur le lieu de l’attaque. Alors que SPS le situait dans les «territoires libérés de la République sahraouie» ( à l'est du Mur des sables), le département Lamamra apporte un autre son de cloche, indiquant que la frappe marocaine s’est produite «en dehors de ses frontières internationalement reconnues» mais sans préciser le lieu. À souligner que la région d’Ain Ben Tili, présentée comme étant le théâtre de l'attaque, est à l’extrême nord de la Mauritanie et non au Sahara occidental.
Le ministère des Affaires étrangères a fait l’impasse sur la présence de victimes algériennes lors de la frappe des FAR, se limitant à indiquer qu'elle a été menée «contre des civils innocents, ressortissants de trois pays de la région». La version du mouvement séparatiste avait en revanche fait état de «camions et de biens de Sahraouis et d’Algériens» visés par des drones marocains.
Le texte du département Lamamra a également évité de mentionner la période exacte de l’attaque. Un flou qui tranche avec l'extrême précision lors de pareil attaque en 2021. Or, dans son communiqué du 3 novembre 2021, publié suite à l’affaire de camions algériens supposés bombardés par un drone des FAR, la présidence algérienne avait précisé que «les assassinats survenus le 1er novembre, jour de fête nationale en Algérie, ne resteront pas impunis». La même source avait tenu à souligner que l’attaque s’était produite sur la route «Nouakchott-Ouargla».