Le président des Iles Canaries révise son enthousiasme pour le soutien de Pedro Sánchez au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental. Ángel Víctor Torres a réclamé, mercredi 23 mars devant le Parlement local, du chef du gouvernement de se déplacer jusqu’à l’archipel pour expliquer aux députés la teneur de la lettre qu’il a adressée au roi Mohammed VI.
«Aucune proposition faite par le Maroc n'aura d'avenir si elle n'est pas soutenue par le Front Polisario et aucune proposition du Front Polisario n'aura d'avenir si elle n'est pas soutenue par le Maroc», a déclaré Torres.
Tout en reconnaissant que la politique étrangère de l’Espagne relève exclusivement du gouvernement central, il a exigé des explications du Premier ministre sur ce sujet. Pour Ángel Víctor Torres, «l'idéal serait que le conflit soit résolu». Et de préciser, dans un acte de rétropédalage, qu’il défend toujours la position votée, il y un an, à l'unanimité par les membres du Parlement des Iles Canaries, appelant à une solution de la question du Sahara dans le respect des résolutions des Nations unies et à une reconnaissance du Front Polisario en Espagne comme représentant légitime du peuple sahraoui.
Le Polisario a déjà exigé une réunion du Parlement local
Ce «revirement» du président de l’archipel intervient alors que ses alliés au sein de Si Podemos, à l'instar de leurs camarades à Madrid, se sont prononcés contre l’appui de Pedro Sánchez à l’initiative marocaine prévoyant d’accorder une autonomie au Sahara occidental. Le porte-parole des députés de cette formation, Manuel Marrero, a réitéré mardi le soutien de son groupe à l’organisation d’un «referendum d’autodétermination» dans la province.
Et d’accuser au passage le chef du gouvernement central d’«avoir perverti le processus en se positionnant aux côtés du Maroc». Marrero a, dans un message adressé à Ángel Víctor Torres, invité la majorité parlementaire aux Parlement des Iles Canaries «à dire à l’Etat espagnol que les forces politiques sont contre le changement de position» sur la question du Sahara. Un message reçu parfaitement par Torres.
De son côté, le Polisario, qui bénéficie à l’archipel d’un fort réseau de soutien, a exigé de l’exécutif local de se prendre ses distances avec la ligne observée par Pedro Sánchez. Le 19 mars, son délégué aux Iles Canaries, Hamdi Mansour, a mis en garde le gouvernement local contre «les conséquences de la nouvelle situation» sur la stabilité des Iles Canaries. Le responsable a annoncé, dans des déclarations à l’agence EFE, qu’il a déjà demandé une réunion urgente du Parlement de l’archipel pour débattre de la décision du chef de l'exécutif espagnol.
Pour rappel, le gouvernement autonome des Iles Canaries a accordé, en décembre 2020, 640 100 euros au profit d’une ONG proche du Polisario.