L’Audience nationale espagnole a récemment confirmé la décision du secrétaire d'État à la sécurité d'expulser du territoire national, et d'interdire d'y entrer pendant dix ans, une femme d'origine marocaine accusée d’appartenir à une cellule djihadiste qui envoyait des combattants en Syrie et en Irak. Selon El Confidencial, la femme, née au Maroc en 1996 et arrivée en Espagne en 1999, recrutait et facilitait le déplacement des islamistes radicaux qui ont rejoint Daech.
La Marocaine, qui avait obtenu la résidence permanente en Espagne, avait été arrêtée une première fois en 2015 lors du démantèlement d'une cellule djihadiste, sans qu’elle soit condamnée par la justice. Elle entretenait des liens et partageait son expérience avec son beau-frère, également Marocain, mort dans un attentat suicide en Syrie en 2014. Dénoncée à nouveau en 2019 par l'unité de la police nationale dédiée à la détection et au suivi des activités terroristes, elle présente toujours, estimaient-ils, une menace pour la sécurité nationale.
La femme, qui consommait régulièrement de la propagande de Daech, était connue des renseignements en France qui la classait comme «une personne appartenant à un groupe terroriste situé en Catalogne susceptible de se déplacer en Europe et/ou sur le territoire français». De ce fait, les autorités françaises l’avaient interdit d’entrer dans l'hexagone jusqu’en août 2055, et d’y séjourner jusqu’en mai 2057, outre le blocage de ses finances.
Une requête a été déposée en 2019 pour contester son expulsion d’Espagne, estimant qu’elle ne présentait plus une menace et que les autorités n’avaient pas motivé son expulsion, mais la Chambre des Litiges a rejeté le recours. Si, selon sa défense, elle était au moment des faits «peut être mineure, radicalisée par son partenaire, ainsi que par son beau-frère, tous deux profitant de sa situation particulière de vulnérabilité», l’Intérieur a rappelé que la mesure d’expulsion avait été «dûment justifiées, en respectant le principe de proportionnalité, et d'autres garanties légales».
«On ne peut que considérer qu'elle représente une menace réelle et suffisamment grave pour la sécurité nationale», estime donc l’Audience nationale. Si son expulsion représente une «ingérence dans le droit familial», la femme étant mariée et enceinte, elle «est proportionnelle à l'objectif légitime de protection de la sécurité nationale», concluent les juges.