Dans une interview au site Yabiladi, le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), Boubker Sabik a évoqué la manière dont l’institution s’est comportée avec la crise sanitaire et surtout la période du confinement en mars 2020, ainsi que la lutte contre les rumeurs et les fausses informations qui ont pullulé avec la pandémie du Covid-19.
Boubker Sabik a rappelé que la DGSN a été et reste en première ligne pour faire face à la crise sanitaire. En plus du maintien de l’ordre public, elle s’acquitte d’autres tâches de base comme la lutte contre la criminalité, en faisant front à tout ce qui peut perturber le sentiment de sécurité. Dans toute circonstance difficile, le plus important est «le sentiment de sécurité ; le citoyen est parfois plus victime de la peur que de la menace en elle-même», a-t-il insisté.
Le responsable a souligné qu’avec le début de la propagation du nouveau coronavirus en Chine, la DGSN a constaté l’émergence de «rumeurs qui menaçaient la sécurité des Marocains». Ainsi, «une cellule de vigilance de l’information a été créée, dont la mission est de surveiller toutes les rumeurs et fausses informations». M. Sabik a confirmé que la DGSN avait traité les rumeurs «avant de s’occuper des mécanismes de mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire». Et d’ajouter : «En plus de la cellule de vigilance, nous avons développé une application d’information au niveau de toutes les salles de commandement des régions et des provinces. L’objectif est de signaler les manquements potentiels. Les citoyens peuvent signaler via cette application une menace pour la sécurité collective.»
«Nous avons entendu 156 personnes pendant toute la période de confinement strict. Elles ont été présentées au Parquet ou écoutées dans des procès-verbaux, puis renvoyées au ministère public après la fin des procédures d’enquête. Nous n’avons pas laissé la rumeur affecter la sécurité des citoyens, comme cela s’est produit dans d’autres pays.»
La criminalité en recul
Le porte-parole de la DGSN a révélé qu’au cours de la période de confinement total, «une baisse des crimes violents et une baisse de la circulation de la drogue, de la contrebande et le terrorisme ont été constatées». «L’état d’urgence sanitaire imposait de restreindre la liberté de circulation dans les espaces publics, sauf pour des exceptions, les vols ont été suspendus, et nous avons parfois mis en échec les tentatives de contrebande de drogues dures venues d’Amérique latine», a-t-il expliqué.
Mais selon Boubker Sabik, malgré le resserrement du contrôle interne et externe, les réseaux de trafiquants de drogue se sont vite adapter à la situation, en pariant sur le trafic de drogue dans des camions de transport des biens de consommation, ces véhicules ayant été autorisés à continuer de circuler. «On constate l’arrêt du trafic international de drogue depuis les rives nord. Au Maroc, de nouveaux moyens sont apparus pour l’acheminer à l’aide de camions de biens de consommation, qui transportaient la drogue vers la côte atlantique, avant d’être acheminée via des bateaux de pêche vers les eaux internationales», explique le responsable.
Avec la baisse des indicateurs de délinquance violente dans la rue, M. Sabik a confirmé «l’émergence de nouveaux schémas criminels, comme les délits liés à Internet qui ont augmenté, la fraude via les sites de commerce électronique, les sextorsions et les délits de vente de masques contrefaits». Selon lui, «le délit s’est adapté aux conditions que la société traversait». Les accidents de la circulation ont également diminué de plus de 67%, en raison de la restriction sur la circulation.
Sabik a précisé que, contrairement à de nombreux pays, pendant la période de l’urgence sanitaire, le Maroc n’a enregistré aucune action menaçant l’ordre public.
Mise à jour de l’institution sécuritaire
Avec l’investiture d’Abdellatif Hammouchi à la tête de la DGSN, le processus de développement de l’institution sécuritaire marocaine a commencé à s’accélérer. Un nouvelle charte de la police a été élaborée, en plus des modalités de conduite des concours, avec un accent mis sur «le mérite, la compétence et l’intégrité» des policiers. «Nous avons changé la méthode d’examen et de correction les concernant», a affirmé Sabik.
Ce dernier a expliqué que les indicateurs de développement de l’institution sécuritaire «apparaissent dans toutes les interventions de la DGSN, au niveau de la police et au niveau de la logistique, des équipements et des infrastructures».
«Pour la première fois dans l’histoire de l’institution sécuritaire, nous assistons à un changement radical à plusieurs niveaux, à commencer par la mise en place d’uniformes plus adéquates avec la fonction de la police. Celle de la police aux frontières est relativement différente de la cavalerie et de la police des rues... Au niveau de la flotte, au cours de la dernière année, nous avons atteint environ 70% de renouvellement.»
De nouvelles unités de sécurité
Dans son entretien avec Yabiladi, M. Sabik a expliqué que «de nouvelles équipes de sécurité ont été créées, dans un objectif de renforcer la réactivité et l'efficacité dans les situations nécessitant des interventions sur le terrain».
Concernant la police d’urgence, «des agents reçoivent des appels et simultanément, d’autres surveillent les caméras sur les lieux de l’accident signalé ; des unités mobiles se rendent sur place pour intervenir, au bout de 3 à 7 minutes au maximum», a expliqué Sabik.
Au vu des changements survenus dans le travail des agents de sécurité, le responsable indique avoir remarqué que le signalement des crimes par téléphone a «augmenté de 7%, ce qui signifie que le citoyen marocain a augmenté sa confiance dans l’institution de sécurité». Il a déclaré que «le citoyen ne peut pas appeler et trouver une ligne occupée», ajoutant que l’application en possession de la DGSN «permet désormais de prendre tous les appels en même temps».
«Il existe des mécanismes de surveillance. Un citoyen ne peut pas appeler deux fois sans que personne ne réponde. Le Directeur général a donné ses instructions à l’Inspection générale d’effectuer des tournées de surveillance, au cours desquelles ils appellent le numéro 19. Si les appels ne sont pas répondus, cela est considéré comme une violation fonctionnelle qui entraîne une poursuite disciplinaire.»
En plus des unités mobiles, la DGSN a mis en place de nouvelles équipes de lutte contre la criminalité et a créé des laboratoires, comme le Laboratoire national de la police scientifique à Casablanca, le Laboratoire national de la police technique à Rabat et sept laboratoires d’analyse d’impacts numériques et technologiques en charge de tout ce qui touche aux délits numériques. Des équipes régionales de la police judiciaire, à Salé, Rabat, Marrakech, Fès et Tanger, sont chargées de lutter contre la criminalité financière et économique.
Aussi, 20 équipes d’enquêtes criminelles ont été créées, «spécialisées dans l’analyse des crimes et de leurs liens les uns aux autres, car le crime ne peut pas être combattu par les méthodes traditionnelles», a souligné Sabik, ajoutant que «le développement des schémas criminels a nécessité un développement au niveau de la police».
Un nouveau siège pour la DGSN
Parallèlement aux efforts de développement de l’institution sécuritaire marocaine, le nouveau siège de la Direction générale de la sûreté nationale est en cours de construction sur une superficie totale de 20 hectares, selon le style architectural marocain. Il s’agit d’un bâtiment intégré, qui regroupera toutes les directions et les services centraux de la sûreté, avec une capacité d’accueil de 1 200 places.
Le nouveau siège disposera également d’un musée de la Sûreté nationale, qui retracera l’histoire de cette institution, en plus d’un centre d’archives et de documentation, un centre d’activités sportives, d’enregistrement des données d’identification et d’impression des cartes nationales, ainsi qu’un centre d’hébergement des forces de réserve, un centre d’information et un garage pouvant accueillir environ 1 500 voitures.
Dans sa conception, le siège de la DGSN prend en compte les caractéristiques marocaines qui répondent aux normes requises dans les bâtiments de sécurité sensibles, ainsi que les dimensions esthétiques et écologiques. La Sûreté nationale bénéficiera également d’une meilleure accessibilité du fait de sa situation à Hay Riyad à Rabat, réputé pour son réseau routier connecté à l’autoroute et à la partie sud de Rabat.
Ce nouveau projet permettra de rassembler les différents services centraux de sécurité nationale dans un même bâtiment, avec des normes de sécurité les plus élevées et intégrant les dernières technologies de pointe.