Le gouvernement espagnol a créé une commission avec des représentants d'au moins six ministères pour préparer la future réouverture des frontières de Ceuta et Melilla, une mesure pour laquelle il n'y a toujours pas de date et qui dépend de la volonté du Maroc, écrit ce lundi le journal El Pais.
Bien que Madrid suppose que Rabat n'ouvrira pas sa frontière, fermée depuis près de deux ans en raison de la crise sanitaire, avant le deuxième trimestre 2022, elle «doit commencer à exécuter une feuille de route - avec des changements commerciaux, socio-économiques et de contrôle aux frontières pour le nouveau scénario qui se produira alors, et qui sera très différent de celui qui existait avant la pandémie», affirme le média, citant des sources gouvernementales.
L'objectif serait que l'Espagne «fasse avancer son propre plan dans ce domaine, indépendamment des décisions prises par le Maroc, qui - comme l'équipe de Pedro Sánchez l'a déploré dans un document interne l'été dernier - maintient une stratégie de "pression économique" et "l'étouffement" sur les deux cités autonomes», explique-t-on.
La commission interministérielle a déjà tenu plusieurs réunions pour définir les changements à mettre en œuvre lorsque les passages aux frontières sont rouverts. L'accent de ces réunions, à court terme, est sur la gestion pure des frontières. Toutefois, à moyen et long terme, il s’agit d’un «plan de sauvetage socio-économique» que le gouvernement a commencé à définir après la crise migratoire de mai et qui n'est pas encore sorti du papier.
El Pais rappelle que la contrebande a «déplacé environ 500 millions d'euros par an à Ceuta et 1 milliard de plus à Melilla» mais «ne reviendra jamais». «La fin de ce "commerce atypique" suppose un revers économique notable, mais "aussi une opportunité"», déclarent les sources du journal, qui évoquent la nécessité de «rechercher de nouveaux modèles pour garantir le développement de Ceuta et Melilla». Elles citent plusieurs mesures sur la table, comme la mise en place de douanes commerciales ou encore la transformation de Ceuta et Melilla en «villes insulaires» tournées vers l’Europe.