La direction de l'Animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), un département du ministère du Travail, de l'emploi et de l’insertion français a publié, mercredi, les résultats d’une vaste étude démontrant la persistance et la généralité des discriminations à l’embauche des personnes maghrébines dans l’hexagone. Ainsi, les chercheurs de la Dares, qui ont travaillé avec l’Institut des politiques publiques et l’association de lutte contre les discriminations ISM Corum, ont démontré qu’à CV égal, «les candidatures dont l’identité suggère une origine maghrébine ont 31,5 % de chance de moins d’être contactées par les recruteurs que celles portant un prénom et nom d’origine française», rapporte les chercheurs.
Pour le bien de l’étude, les chercheurs ont répondu à 2 400 offres d’emploi différentes par 4 candidatures fictives, touchant 11 catégories de métier sur l’ensemble de la France métropolitaine. Pour chaque offre, deux hommes et deux femmes ont été proposés, dont deux avec un nom à consonance maghrébine.
«La discrimination à l’embauche selon l’origine supposée reste élevée et un élément majeur du marché du travail en France. Elle est observée quelles que soient les caractéristiques des métiers testés.»
Sur les 2 400 offres, 1 516 «ont donné lieu à un traitement équivalent de la part des recruteurs», ce qui signifie un refus ou une acceptation des quatre candidats, alors que le tiers des demandes ont en revanche été touchées par des différences de traitement, indique Médiapart qui a décrypté l’étude. Concrètement, lorsqu’une partie seulement des CV a suscité l’intérêt des employeurs, il s’agissait quasiment toujours des candidats dont le nom présente une consonance «non étrangère».
Alors que les candidats portant un prénom et un nom «à consonance française» ont 33 % d’être rappelés, ceux chez qui on peut supposer une origine maghrébine n’ont que 22,8 % de chances. Pire, pour le métier d’employé administratif, peu qualifié et pas particulièrement en tension, «le succès des candidatures à consonance française est supérieur de 53,7 % à celui des candidatures dont le nom est à consonance maghrébine». Si les discriminations «sont plus faibles» parmi les salariés les plus qualifiés, les chercheurs insistent qu’elles ne s’effacent pas.
S’il existe bien des disparités selon les métiers, avec des discriminations particulièrement importantes pour les employés commerciaux, les commis de cuisine et les employés administratifs, l’étude ne démontre pas de différences statistiquement significatives selon le sexe, ce qui laisse penser que les discriminations selon les origines et le sexe ne se cumulent pas.