Du haut de ses 36 ans, Imad Dalil ne passe pas inaperçu dans son travail. Né à Fquih Ben Salah, il est aujourd’hui le gérant à Tarente d’un des 4 «hotspots» d’Italie, chargés de l'identification des personnes arrivant de l’étranger. Ancien migrant, Imad utilise aujourd’hui son histoire comme un message d’espoir, rapporte La Stampa.
«Lorsque je me présente et que je parle arabe, l’étonnement est grand et je lis dans leurs yeux la fierté et l'espoir de voir un compatriote jouer un rôle prestigieux. Et puis ils pensent que oui, eux aussi peuvent y arriver», dit-il en racontant ses nombreuses interactions avec les migrants qu’il est chargé d’identifier. «Chaque fois que je parle à ces gars, je me dis que ça aurait pu être moi à la place», confie le directeur du centre, «je donne mon témoignage en disant de ne pas aller dans la clandestinité ou dans le monde souterrain.»
Imad est arrivé en Italie à seulement 4 ans pour rejoindre, grâce au regroupement familial, son père arrivé irrégulièrement au début des années 1980, mais qui a réussi à obtenir un contrat de travail. Il aura fallu attendre 2013 pour qu'Imad obtienne la nationalité italienne. Malgré sa double nationalité, il déclare que son «sang est toujours marocain» alors que dans la maison de ses parents, ils vivent toujours «à la manière arabe», en suivant leurs valeurs et leur culture.
«Je suis trop marocain pour être italien et trop italien pour être marocain.»
L’Italo-marocain a derrière lui un long passé d’engagement dans «toutes les structures d'accueil : Sprar, Cara, centres d'expulsion, communautés pour mineurs», indique les journalistes, jusqu’à travailler comme bénévole dans le bidonville d’Eboli. Ce passage l’a d’ailleurs particulièrement marqué : «quatre-vingt-dix pour cent étaient des Marocains travaillant dans l'agriculture. Voir mes compatriotes dans ce contexte a été très difficile».
Particulièrement sensible aux questions humanitaires et migratoire, il sait la chance qu’il a eu alors qu’il parle de ceux «morts dans le désert» ou dans la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe.
Et après avoir côtoyé des centaines de migrants pendant des années, il raconte aujourd’hui l’histoire qui l’a le plus touché. Il s’agit d’un père syrien avec «quatre filles, dont une invalide de 10 ans (qui) ne pouvait pas marcher et devait être nourrie. J'ai toujours en tête l'image de cet homme avec elle sur ses épaules, enveloppée dans un drap, traversant la Turquie, puis la Grèce et arrivant en Italie. Il a réussi à la maintenir en vie et à mettre les autres et sa femme en sécurité. C'est un héros pour moi».