L’Algérie veut s’approcher des eaux du Sahara. Le voisin de l’Est s’est rappelé des licences de pêche (onze) que la Mauritanie lui avait offertes en 1983, en échange de cinq bateaux destinés alors à renforcer la pêche artisanale à Nouakchott. Quatre décennies après la signature de cet accord, le gouvernement algérien souhaite exploiter ces autorisations. D’une durée de 99 ans, elles sont en effet toujours valables.
Ce sujet a été au menu de la première session du comité bilatéral frontalier algéro-mauritanien, tenue le lundi 8 novembre à Alger, sous la présidence des ministres de l’Intérieur des deux pays. Au terme de la réunion, les deux parties ont convenu de «l’activation de l'accord dans le domaine de la pêche maritime relatif à l'exploitation des licences accordées pour pêcher dans les eaux territoriales mauritaniennes».
Ce regain d’intérêt des Algériens pour de vieilles licences de pêche dans les eaux mauritaniennes, intervient dans un contexte de haute tension entre Rabat et Alger, notamment après l’affaire des camions détruits près de Bir Lahlou. La présidence algérienne avait accusé le Maroc d’«avoir assassiné» trois de ses ressortissants. Exhumer ce dossier s’inscrit également dans la politique algérienne d’éloigner Nouakchott de Rabat. La Mauritanie est au cœur d’une course d’influence entre le Maroc et l’Algérie.
Pour rappel, l’accord de pêche de 1983 s’est heurté à des «obstacles logistiques», rendant son opérationnalisation très compliquée. La société publique Algero-mauritanienne de pêche maritime, créée à cet effet, n’avait pas résisté aux eaux troubles de l’Atlantique. Après quatre ans d’exercice, elle avait mis en 1987 la clé sous le paillasson.
En 2003, les deux gouvernements avaient tenté vainement une relance du projet, en autorisant le secteur privé à accéder au tour de table de l’entreprise mixte. La même détermination a été affichée, en 2013, par l’ancien ministre algérien de la Pêche, Ahmed Ferroukhi, mais sans parvenir à traduire ces paroles en actes.
A Alger, le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug, a été traité avec égards. Il a, d’ailleurs, eu droit à une réunion avec le président Abdelmadjid Tebboune.