La pandémie du Covid-19 et ses diverses restrictions de circulation et mesures de prévention ont eu de grandes conséquences sur l'économie marocaine. Elle a surtout révélé les contributions cruciales de plusieurs secteurs, dont l'agriculture, à la vie quotidienne des citoyens.
La Covid-19 a entraîné plusieurs effets négatifs qui ont menacé directement et indirectement la sécurité alimentaire, selon une nouvelle étude. Publiée par deux chercheuses à l’Ecole nationale du commerce et de la gestion (ENCG), de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, elle s’est basée sur des données fournies par l'Organisation pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que les études menées et publiées sur le sujet.
Les deux chercheuses ont ainsi soulevé 4 impacts de la crise sanitaire sur la sécurité alimentaire dans le royaume. En effet, la pandémie du Covid-19 a «gravement touché le secteur agricole marocain qui contribue de manière significative au PIB, en raison de la suspension des activités agricoles, de la restriction du commerce des produits agricoles et de la main-d'œuvre agricole». De plus, la crise a «principalement affecté les importations de denrées alimentaires», en raison des mesures préventives prises par certains pays, dont ceux de l’Europe, qui ont suspendu toutes sortes d'exportations alimentaires pour se préparer à tout scénario.
Prôner l'autosuffisance alimentaire pour réduire la dépendance
Les deux chercheurs ont soulevé aussi que la pandémie a influencé les ventes de produits agricoles. «Les mesures de confinement ont impacté la plupart des acheteurs de ces produits tels que les restaurants, les hôtels, les écoles et les grands centres commerciaux», explique l’étude qui évoque des «pertes importantes pour les producteurs de ces produits». De plus, le Covid-19 a eu des effets négatifs sur les chaînes d'approvisionnement alimentaire. «La fermeture durant le confinement et les faillites de certains magasins ont gravement perturbé la chaîne d'approvisionnement (transport, stockage et distribution), entraînant une insuffisance alimentaire dans de nombreuses régions éloignées», reconnaissent les deux chercheuses.
D'autre part, la crise sanitaire a également «exposé les vulnérabilités béantes des systèmes alimentaires à des chocs de cette nature et a rappelé que l'alimentation n'est pas un produit comme les autres». L’étude reconnaît aussi que cette crise sanitaire a permis au Maroc de «récolter le fruit de choix stratégiques effectués depuis des décennies», citant «la politique visionnaire des barrages dans les premières années de l'Indépendance» ou encore «le Plan Maroc Vert (PMV), qui a fait entrer l'agriculture dans l'ère de la modernisation et les investissements privés et publics massifs».
Toutefois, afin de «réduire les impacts négatifs de la pandémie du Covid-19 ou de tout type de pandémie qui pourrait apparaître à l'avenir sur la sécurité alimentaire», les deux chercheuses émettent plusieurs recommandations. Elles suggèrent notamment de «mener l'ensemble des études pour identifier les freins organisationnels, économiques et environnementaux du secteur agricole, des éleveurs et des aviculteurs, puis chercher des solutions concrètes».
L’étude recommande aussi «d’instaurer une réduction progressive et calculée des importations de produits alimentaires et en consacrant les meilleurs efforts possibles à la mise en place de stratégies efficaces pour atteindre l'autosuffisance alimentaire» et d’«évaluer objectivement les politiques publiques passées et actuelles pour identifier des voies d'avenir durables pour le secteur agricole».