Presque trois jours après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2602, Brahim Ghali a opéré, hier, un remaniement dans la hiérarchie de la section armée du Polisario. Une nouvelle distribution des responsabilités, marquée essentiellement par le retour de «figures historiques» du Front, durant les années de guerre contre le Maroc, aux commandes des opérations militaires. Mohamed El Ouali Akeik, un ancien «premier ministre», originaire de la tribu des Zargueyyin, est désormais le nouveau chef de l’armée.
«Auparavant, ce poste n’existait pas. Il entrait dans les prérogatives du secrétaire général du Polisario. Un coordinateur s’occupait d’expédier les affaires entre les régions militaires et la "présidence"», explique dans des déclarations à Yabiladi Mohamed Larbi Ennass, président du Centre de paix, des études politiques et stratégiques, basé à Laâyoune. «Akeik qui a combattu pendant des années contre les Forces armées royales, avant le cessez-le-feu de 1991, se voit confier la plus importante mission de sa carrière», ajoute-t-il.
Le remaniement décidé par Brahim Ghali a écarté Mohamed Ibrahim Biadillah, alias Greigao, de la coordination de l’armée pour prendre les commandes de la 5e région militaire. «Il ne s’agit pas d’une sanction. Loin de là. Cette nomination a obéi aux même considérations que celle ayant présidé à la désignation de Mohamed El Ouali Akeik, à savoir appeler des personnes ayant combattu contre le Maroc pour conduire la "nouvelle guerre"», précise Mohamed Larbi Ennass.
Faire appel à la vieille garde pour rehausser le moral des troupes
L'expert note que «la 5e région militaire, dont dépend Al Mahbas, revêt dans cette conjoncture une importance capitale pour le Polisario et l’Algérie pour la confier à une personne expérimentée et qui connaît le terrain et qui, surtout, bénéficie de la confiance des Algériens». En effet, dans son dernier rapport sur la situation au Sahara occidental, le secrétaire général des Nations unies a souligné dans le paragraphe 16 que «l’Armée royale marocaine et le Front Polisario signalant régulièrement des coups de feu tirés depuis l’autre côté du mur de sable. D’après les calculs de la MINURSO, qui reposent sur les signalements faits par les parties, l’incidence des tirs a diminué depuis janvier (2021), et s’est principalement concentrée dans le nord du territoire, près de Mahbas».
Faire appel à la vielle garde pour diriger les troupes du Polisario est une suite du communiqué du Polisario du 30 octobre, appelant à la poursuite de la «guerre» contre le Maroc. Deux décisions destinées aussi à rehausser le moral des éléments armés du mouvement Brahim Ghali. Il y a deux semaines, le média espagnol Público a indiqué, dans un reportage réalisé dans les camps de Tindouf, que le recours des FAR aux drones est «une obsession quasi-paranoïaque» pour le Front.
«On peut ni les voir ni les entendre mais ils sont là, et attaquent à n’importe quel moment», a reconnu Mohamed Fadel, un haut officier du Polisario de 61 ans, blessé lors de l’opération du 7 avril ayant coûté la vie à Dah El Bendir, ancien chef de la gendarmerie. «Les drones marocains sont le pire cauchemar dans cette nouvelle étape des hostilités», admettent tous les combattants sahraouis interrogés par Público. Reste à savoir si Mohamed El Ouali Akeik et Mohamed Ibrahim Biadillah réussiront-ils à changer la donne sur le terrain.