Le bilan est édifiant. Qu’elle soit dans la rue, chez elle, dans l’administration publique ou au travail, la femme marocaine est victime d’agressions physiques et verbales en tout genre. Voilà ce qui ressort du 4ème rapport du réseau ANARUZ (Réseau national des centres d'écoute des femmes victimes de violences) présenté par sa présidente, Atifa Timjerdine, à Rabat, vendredi dernier. Encore plus édifiant que cet état de fait, la statistique selon laquelle près de 82% des femmes marocaines subiraient régulièrement des violences conjugales.
Selon la coordinatrice nationale d’ANARUZ, la majorité des cas déclarés auprès du réseau ont de fait attrait à la violence conjugale. Mais même si prépondérant, ce type de violence n’en est qu’un parmi de nombreux autres souligne-t-elle. Le rapport fait en effet état de l’existence de plusieurs autres formes de violences parmi lesquelles les agressions sexuelles, qui touchent 13% des femmes marocaines, les violences économiques, atteignant 35% de la gente féminine, et enfin, les violences juridiques dont souffrent 9% des marocaines.
Le rapport souligne également la recrudescence de la violence sexuelle (corporelle et psychologique) hors cadre du mariage. Celle-ci concerne 11% des Marocaines et prend des formes diverses allant du harcèlement au viol, en passant par l’agression et la tentative de viol. A ce propos, le rapport précise d’ailleurs que près de 50% des cas de violences sexuelles perpétrées à l’encontre des filles ou femmes dans l’espace public touchent celles qui sont célibataires. Des célibataires que l'acte condamne au mariage, voire au suicide, dans certains cas.
Les recommandations d’ANARUZ
Au titre des recommandations, le rapport plaide pour la promotion des principes de parité hommes-femmes, et ce, en vue d’éradiquer toutes les formes de discriminations basées sur le sexe, relève la MAP. Le réseau ANARUZ appelle également à la création d’un Conseil consultatif de la famille et de l’enfance, et à la vulgarisation des diverses dispositions du Code de la famille. Dans le même sens, il demande à ce que des dispositions pédagogiques, culturelles, médiatiques, institutionnelles et politiques soient prises pour mieux protéger la femme marocaine, en vue de l’intégrer pleinement dans la bonne marche du pays. Enfin, le réseau, qui souhaite la mise en place d’un dispositif d’informations unifié sur les plans régional et central, recommande également de fédérer les moyens judiciaires (tribunaux), sanitaires (hôpitaux) et sécuritaires (services de sûreté) de l’Etat pour mieux prévenir les violences que subissent les femmes dans leur milieu conjugal et dans l’espace publique.
Erratum : Le chiffre avancé officiellement fait état de 82% de marocaines victimes de violences. Il est apparu que celui-ci était trop élevé et doit en réalité faire référence à l'ensemble des femmes qui dénoncent leur situation et non l'ensemble des femmes marocaines.