Après les mesures de rétorsions vis à vis du Maroc, l'Algérie a procédé à la fermeture de son espace aérien aux avions militaires français en partance vers le Sahel. «Ce matin, en déposant les plans de vol de deux avions, nous avons appris que les Algériens fermaient le survol de leur territoire aux avions militaires français», a indiqué le colonel Pascal Ianni, porte-parole des armées françaises.
Le militaire a cependant minimisé l’impact de cette mesure, soulignant qu’elle «n'affecte ni les opérations ni les missions de renseignement» menées par la France au Sahel, où sont déployées les troupes de l'opération antidjihadiste Barkhane.
Le site Menadefense, proche du pouvoir militaire algérien, a même annoncé que la mesure pourrait concerner le mouillage des navires français dans les ports algériens. Et d’ajouter que le pays se dirige vers le gel total de sa coopération avec la France.
Une nouvelle escalade dont l’ampleur reste calculée
Cette escalade intervient dans le sillage des déclarations d'Emmanuel Macron, à l'occasion d’une rencontre tenue le 30 septembre avec «des descendants de la guerre d’Algérie». Au cours de la discussion, le président français a laissé éclater sa colère, pointant que «la nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit : tout le problème, c’est la France». Il a constaté que l’ «histoire officielle» en Algérie est «totalement réécrite et ne s’appuie pas sur des vérités» mais plutôt sur «un discours qui, repose sur une haine de la France».
Macron a reconnu que «le système algérien est fatigué et que le Hirak l’a fragilisé». Et d’ajouter, «j’ai un bon dialogue avec le président Tebboune mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur», laissant entendre que son homologue algérien est sous la tutelle des militaires. Une opinion qui a fait sortir le pouvoir de ses gonds, ordonnant le rappel pour consultation de son ambassadeur à Paris.
La présidence algérienne a, ensuite pris le relais, publiant un communiqué dénonçant les déclarations de Macron. «L'Algérie exprime son rejet catégorique de l'ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures. Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l'invasion coloniale française», précise la même source.
Pour l’heure, l’Algérie n’a pas encore menacé la France de rupture des relations diplomatiques ou d'étendre la fermeture de son espace aérien aux avions civils français en partance vers l’Afrique, à l'instar du Maroc. Traditionnellement, le pouvoir algérien tient à éviter une rupture avec son principal allié, attribuant les crises politiques avec Paris à des «lobbys du Maroc» actifs dans l’Hexagone. Une version que le président Abdelmadjid Tebboune a déjà défendue, dans des interviews accordées à plusieurs médias français.
Cette escalade apporte davantage d’eau au moulin des militaires en Algérie, pour se présenter comme victime de plans ourdis par «les ennemis». Emmanuel Macron a ainsi offert une opportunité pour détourner l'attention sur les contestations du Hirak et la répression qui a suivi.