L’entrée de Brahim Ghali n’en finit pas de révéler ses secrets. Les investigations menées par le juge d’instruction au tribunal n°7 de Saragosse, Rafael Lasala, ont permis de lever le voile sur une «coordination» entre le ministère des Affaires étrangères et le département de la Défense, via l’armée de l’air, afin de couvrir l’accès du chef du Polisario sur territoire espagnol, le 18 avril, rapporte ABC.
Les messages WhatsApp échangés entre Camilo Villarino, le chef de cabinet de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez, et le lieutenant-général Francisco Javier Fernandez Sanchez, qui était alors le n°2 d'état-major de l’armée de l’air et maintenant le représentant militaire de l'Espagne auprès de l'UE et de l'OTAN, prouvent leur implication dans cette affaire.
L’examen des téléphones mobiles des deux hauts cadres ne laissent en effet guère de doute sur leur participation active dans l’entrée de Brahim Ghali sans le soumettre au traditionnel contrôle des passeports, ajoute ABC.
L’analyse des messages a montré aussi que le diplomate et le militaire ont suivi de très près le trajet de l’avion qui transportait Ghali depuis Alger jusqu’à la base aérienne de Saragosse. Les deux ont insisté, par exemple, pour qu’aucun document ne soit demandé à l’appareil lors de son atterrissage et exigé la présence d’une ambulance pour transférer le chef du Polisario à l’hôpital de Logroño. Au terme de l’opération, les deux se sont d’ailleurs félicités de sa «réussite».
Mais le 22 avril, la presse révèle l’accueil de Ghali en Espagne, causant une réelle préoccupation au ministère de la Défense. Le chef de cabinet d’Arancha Gonzalez a été alors mandaté en mission pour jouer le sapeur pompier, assurant au lieutenant-général Francisco Javier Fernandez Sanchez qu’ «au niveau du ministère des Affaires étrangères, nous n’allons pas impliquer la Défense».
Pour rappel, la ministre de la Défense, Margarita Robles, avait décliné toute responsabilité quant à l’accueil controversé de Brahim Ghali. Elle avait même affirmé, en juillet, que son département «n'a aucun type de compétence» dans la réception d'un «avion d'Etat», renvoyant ainsi la balle dans le camp de Mme. Gonzalez.