Le gouvernement nigérian continue de faire la sourde oreille aux nombreuses sollicitations de l’Algérie pour ratifier l’accord relatif au projet de construction du gazoduc trans-saharien, signé en 2009 à Abuja. Face au refus des autorités fédérales, Alger a fait appel à l’Institut nigérian des études stratégiques (NIPSS, selon son acronyme en anglais) afin de plaider pour ce dossier.
L’exécutif algérien a ainsi déroulé le tapis rouge à une délégation de ce think tank composée de 17 personnes, avec notamment au programme des visites dans six wilayas et des réunions avec les ministres de l’Intérieur et de l’Energie. Ce dernier a réitéré, devant ses invités, la volonté de son gouvernement à commencer dans les plus brefs délais les travaux de réalisation du gazoduc devant relier les deux pays vers l’Europe.
«Nous accordons un intérêt particulier à la concrétisation rapide de cet important projet qui donnera un nouvel élan aux relations entre nos deux pays, en termes de coopération technique et de renforcement des capacités», a-t-il souligné. «Nous devrons œuvrer ensemble pour construire l’avenir énergétique de l’Afrique, à travers le renforcement des relations bilatérales (…) Ces projets vont contribuer au développement du continent à travers l’amélioration de l’accès à l’énergie», a-t-il ajouté.
Côté timing, ce déplacement de la délégation de NIPSS intervient trois semaines après l’engagement fait par le ministre nigérian du Pétrole, Timipre Sylva, que son pays «est en train de construire sa part du gazoduc» Maroc-Nigéria. Le responsable a émis le souhait «d’étendre le pipeline au Sénégal et au Maroc et par la suite à d’autres pays d’Afrique du Nord».
Le projet du pipeline entre Alger et Abuja remonte aux années 1980. En 2009, les deux parties avaient signé l’accord de sa réalisation mais le gouvernement nigérian ne l’a toujours pas ratifié. Après une décennie en rade, le chantier avait été abordé le 16 octobre 2018 à l’occasion d’une réunion coprésidée par les ministres des Affaires étrangères des deux pays. Le 26 novembre 2020, le projet est exhumé par l’ancien chef de diplomatie, Sabri Boukadoum, lors d’une réunion avec son homologue nigérian à Abuja.
Pour mémoire, l’ancien ministre algérien des Energies, Abdelmadjid Attar, s’était lancé en décembre dans une attaque contre le gazoduc Maroc-Nigéria, le qualifiant de «projet politique imaginable» et d’ «inefficace» à cause de «contraintes techniques» qui seraient liées au «tracé du gazoduc qui passe par de nombreux pays».