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Grand Angle

Larache : Bras de fer entre les habitants d'un douar et une entreprise espagnole

La tension sociale a élu domicile à un douar à Larache. Un conflit y oppose les habitants à une société espagnole, soutenue par le ministère de l’Intérieur, qui exploite 3000 hectares pour la culture du riz.

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(illustration/DR)
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Ce matin, un calme précaire prévaut dans le douar de Chlihate à Larache. «Les forces de l’ordre commencent à évacuer les lieux et les habitants regagnent, peu à peu, leurs maisons», indique Fathia Yaâcoubi, président de la section locale de l’AMDH. Ce retour à la «normale» intervient après plusieurs jours de tensions. A l’origine, un différend entre les résidents du douar Chlihates et une société espagnole qui loue, depuis dix ans, 3000 hectares des terres du Domaine appartenant à l’Etat, pour la culture du riz. La compagnie a décidé d'exploiter 180 mètres carrés d'un terrain qu'elle loue et qu'elle avait laissé, jusqu'au 14 mai dernier, à l'usage des habitants du douar.

«D’un commun accord, la compagnie avait laissé 180 mètres carrés de la totalité de la surface hors de toute exploitation : une parcelle qui la sépare du douar et qui profite aux troupeaux de moutons ou de vaches des habitants. En 2011 les résidents du douar et les responsables de la société espagnole ont convenu d’employer des jeunes, issus du douar, au sein de la compagnie et de continuer à garder les 180 m² sans culture», souligne la présidente de la section de l’AMDH à Larache, Mme Yaâcoubi. L'accord a volé en éclat. «Le jeudi 14 mai, l’entreprise espagnole révise sa position initiale et commence à exploiter les 180 m². Ces tracteurs investissent cette surface sous la protection d’éléments des forces auxiliaires, ce qui a déclenché l’ire des habitants», précise Mme Yaâcoubi.

Le ministère de l’Intérieur défend la société espagnole

La décision a provoqué la colère des habitants et de très fortes tensions «marquées notamment par de violents affrontements le vendredi et le samedi, ayant contraint des familles à quitter leurs habitations pour se réfugier dans la forêt ou dans la ville de Larache. Des blessés, il y en a et dans les deux camps. Nous avons relevés, deux cas parmi les éléments des forces auxiliaires. Quant aux manifestants, il est difficile de donner un chiffre exact, sachant que, par crainte d’être arrêtés, ils évitent de se rendre à l’hôpital ou chez des médecins privés», explique Mme Yaâcoubi.  La même attitude a été observée à Khouribga, Imzouren ou encoure Béni Bouayache.

Le ministère de l’Intérieur ne s’est pas contenté de l’envoi d’éléments des forces de l’ordre pour mettre un terme à la contestation des habitants, il a tenu, dans un communiqué publié le dimanche, à condamner ce qu’il qualifie d’«actes de violences auxquels se sont livrés certains manifestants à l’encontre des forces de l’ordre qui assuraient le déroulement normal de l’opération de labour pour la plantation de riz dans la province de Larache». Et de préciser qu' «aucune entrave à la liberté de travail et de circulation ne sera tolérée et que les autorités publiques veilleront à la stricte application de la loi et en sanctionneront toute violation.»

En relation avec ces incidents, quatre habitants de Chlihate ont été arrêtés. Le samedi, ils ont été présenté devant un juge, leur procès est prévu demain au tribunal de première instance de Larache.

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