La fuite des capitaux marocains vers l’étranger a le vent en poupe. Une évolution confirmée, cette année, par le Boston Consulting Group (BCG), un cabinet de conseil américain créé en 1963. Selon le BCG, 30% de l’argent détenu par les riches familles au Maroc est déposé dans des banques étrangères, notamment suisses et anglaises.
Cette manne financière a probéblement atterri dans des banques d’une manière frauduleuse puisque la dotation touristique au Maroc ne dépasse pas 40 000DH par an : un Marocain ne peut dépenser plus de 40 000DH à l'étranger au cours de ses déplacements en un an.
Restent deux moyens frauduleux pour passer cet argent : le premier consiste à profiter du régime de change de devises offerts aux entreprises ayant des échanges commerciaux avec l’étranger pour demander plus des sommes en devises qu’elles n'en ont réellement besoin. C’est ce surplus qui repose probablement confortablement dans les banques européennes.
La seconde méthode, la plus conventionnelle, est encore celle des "porteurs de valises", ces hommes transportant des valises pleines d'euros ou de dollars qui traversent la frontière en toute tranquillité, avec, peut être, la complicité de douaniers.
Le Maroc second derrière la Tunisie en Afrique du Nord
Selon l’étude de la Boston Consulting Group, dont des extraits ont été publiés par le site saoudien Alarabiya.net, ce pourcentage place le royaume en seconde position derrière la Tunisie, en Afrique du Nord, dans le classement des pays victime de fuites des capitaux. Le cas tunisien est plus compréhensible car cet Etat vit, depuis la chute du régime Ben Ali, le 14 janvier 2011, dans l’instabilité politique. Ce n'est guère le cas du Maroc. Ses responsables ne cesse de vanter sa stabilité, à l'intérieur comme à l'extérieur, au point de l’ériger comme argument principal dans leur stratégie d'attraction des investissements étrangers.
Par rapport aux autres pays de la région arabe, victime également du phénomène de fuits de capitaux, le Maroc occupe une confortable position. Il n’est devancé que par l’Arabie saoudite, le Bahrein, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Liban. Cinq systèmes politiques fragiles qui font face à de vives contestations populaires ou menacent de l’être dans un proche avenir.
Le régime de Riyad a été classé dans un rapport publié en novembre 2008 du Global Financial Integrity et couvrant la période 2002-2006, en seconde position dans le monde avec une moyenne annuelle de fuite de capitaux estimée à 54 milliards de dollars. Seule la Chine a fait mieux que les wahhabites.
Selon la même enquête, environ 2 milliards de dollars, soit plus de 18,7 milliards de dirhams, fuient annuellement le Maroc vers des paradis fiscaux ou des banques en Europe. Une somme qui s’ajoute aux 27 milliards de dirhams qui disparaissent chaque année dans des affaires liées à la corruption et à la prévarication. Autant d'argent qui, imposé de façon légale, pourrait participer au règlement du déficit de la Caisse de compensation et créer de l'emploi.
De son côté, la Banque mondiale a estimé que la fuite des capitaux des pays en voie de développement vers paradis fiscaux représentent une perte annuelle totale comprise entre 500 et 800 millions de dollars.