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Autriche : Un tribunal épingle la police pour ses raids illégaux et violents contre des musulmans

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Le ministre de l'Intérieur Karl Nehammer et des membres du groupe d'intervention antiterroriste EKO Cobra lors de l'opération Luxor. / APA/BMI
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Des dizaines de raids ont été menés en automne en Autriche contre des musulmans supposés appartenir aux Frères musulmans, raids que le tribunal régional supérieur de Graz a maintenant déclaré illégaux, les soupçons justifiant les perquisitions de police étant trop minces. En réaction à une attaque terroriste à Vienne en novembre 2020, faisant quatre morts, des dizaines de perquisitions ont eu lieu dans la capitale autrichienne et à Graz, provoquant le saccage d’appartements, la confiscation de biens, l’inscription de l’État dans les registres fonciers, relate Die Presse. À la suite de ces perquisitions, 70 individus suspectés d’appartenir à des organisations terroristes ou les finançant ont été interpelés dans cette vaste opération baptisée «Luxor», parmi lesquels 9 ont déposé plaintes contre ces mesures.

Le tribunal de Graz à enfin rendu ses premiers jugements sur l’affaire : les soupçons étaient trop minces et donc les perquisitions étaient illégales, tout comme la confiscation d'objets et d’argent, d’autant plus que dans au moins un cas, l’action de la police a été jugée trop violente et disproportionnée.

Ce jugement, s’il fait jurisprudence, signifierait que pour la justice autrichienne, les Frères musulmans ne seraient pas une organisation terroriste. Le tribunal estime effectivement que les éléments, les Frères ne constituent pas un «groupe globalement homogène», qui présente dans son ensemble les caractéristiques juridiquement requises d'une organisation terroriste. Il s’agit simplement d'un «mouvement de masse composé de millions de personnes».

Dans son argumentaire, la cour a vivement critiqué les actions du bureau du procureur général, remettant en cause ses sources, en lui rappelant que «les hypothèses de suspicion ne doivent pas s'épuiser en conjectures et en spéculations, mais doivent découler de preuves accessibles à l’évaluation». L'Office fédéral pour la protection de la Constitution et la lutte contre le terrorisme (BVT) va d’ailleurs dans le sens de la décision, en considérant que l’ouverture même des enquêtes était motivée par des considérations politiques. Des fonctionnaires feraient aujourd’hui l’objet d’une enquête relative aux ordres qu’ils auraient donnés, précise le journal.

Le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer est resté silencieux sur cette décision malgré sa participation à l'opération Luxor : le jour des perquisitions, il s’était rendu sur place et pris en photo avec des policiers lourdement armés, avant de déclarer qu’il voulait prendre des mesures sévères contre l'islam politique, saluant le bon travail d’investigation de la police.

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