Le nouveau numéro de juillet de la revue El Djeich, porte-parole de l’armée algérienne, ne déroge pas à la règle, avec une fixation sur le Maroc. Un long «commentaire» intitulé «Des campagnes stériles pour des résultats aléatoires», résume bien cette orientation développée depuis des décennies et accentuée avec l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune, consistant à accuser le royaume de toutes les crises que connait le pays voisin : de la pénurie d’eau et des liquidités dans les guichets bancaires, du faible débit d’internet jusqu’aux feux de forets.
Le «commentaire» en question a ainsi pointé du doigt un «Etat voisin qui voue une haine ancestrale et un ressentiment non dissimulés envers» l’Algérie. Pour étayer ses dires, l’auteur n’a pas hésité à effectuer un long voyage dans le temps pour dénoncer la «série de trahisons» du Maroc.
«Qui a trahi le héros numide Jughurta en 104 av. J.-C. et l’a remis à Rome où il sera tué ? N’était-ce pas Bocchus, roi de la Maurétanie césarienne, le Maroc d’aujourd’hui ?», s’interroge-t-il. De l’époque romaine, le rédacteur fait ensuite une halte au 19 siècle pour se demander «qui s’est retourné contre l’Emir Abdelkader en décembre 1847 et s’est allié à l’ennemi français pour l’encercler ? N’est-ce pas le sultan marocain Moulay Abdel Rahmane ? Qui a trahi les cinq dirigeants de la Révolution et les a donnés à la France en octobre 1956, alors que leur avion se dirigeait du Maroc vers la Tunisie ? N’était-ce pas l’héritier du trône marocain ?»
L’armée algérienne et les coups d’Etat de 1971 et 1972
Face à «cette série de trahisons» du Maroc, le «commentaire» de la revue d’El Djeich avance que l’armée algérienne «aurait pu, par deux fois, intervenir au Maroc ou, au moins pour soutenir les militaires qui ont failli balayer la couronne marocaine et renverser leur roi lors des tentatives de coups d’Etat de Skhirat, en 1971, et celui du général Oufkir, une année plus tard».
Cette fixation sur le Maroc l’exprime également dans le discours du général Said Chengriha du 21 juin à Moscou, mentionné dans la revue El Djeich. Devant des militaires russes, le chef des armées à qualifié le royaume de «colonisateur» du Sahara occidental «la dernière colonie en Afrique». En véritable chef de la diplomatie algérienne, Chengriha a déclaré avoir souligné à maintes reprises que «les agissements du colonisateur visant à annexer avec force sont incompatibles avec la charte de l’ONU et l’acte constitutif de l’Union africaine, dont la République arabe sahraouie démocratique est un membre fondateur».
«Ce constat très alarmant pour la sécurité et la paix exige de la communauté internationale de prendre ses responsabilités en respectant strictement les dispositions du droit international dans la résolution de cette crise», a-t-il réclamé.
La revue El Djeich a consacré également un article résolument anti-Maroc, présentant «l’Espagne, partenaire efficace de l’Algérie, dans le processus de résolution de la question sahraouie». Le texte a couvert d’éloges les actions d’Arancha Gonzalez, notamment sa version sur l’accueil de Brahim Ghali, a également rappelé la marche du 14 juin à Madrid en faveur du Polisario, pour enfin annoncer que «l’Espagne fut l’un des premiers pays à condamner la décision de l’ancien président américain, Donald Trump, d’une prétendue reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental». La publication du nouveau numéro d’El Djecih, le 10 juillet, a coïncidé avec le départ de Mme. Gonzalez du ministère des Affaires étrangères.