Les responsables à Ceuta et Melilla se relaient pour dénoncer le Maroc. La crise migratoire leur a donnée l’occasion d’actualiser leurs reproches et d'avoir une tribune dans les grands médias ibériques. Le président de Melilla, Eduardo de Castro de Ciudadanos, a tiré à boulets rouges sur ses grands chantiers de développement lancés dans les régions du Nord et de l’Est.
«La feuille de route du Maroc est claire : il veut se développer et avec cette croissance il veut nous noyer. C'est bien qu'ils veuillent grandir, mais pas à nos dépens», a-t-il expliqué dans une interview accordée à EFE. De Castro a cité particulièrement le port Tanger Med et l’élargissement du port Nador ainsi que les projets de zones industrielles à Fnideq et Béni Nsar.
«Le Maroc a osé non seulement interdire l’entrée des marchandises de Melilla, mais aussi les hommes d'affaires qui apportent ces produits de la péninsule», du coup les commerçants «ferment partout», a-t-il déploré. Les Marocains «nous utilisent comme monnaie d’échange», a précisé de Castro.
Dans son réquisitoire contre la politique du Maroc, le président a rappelé que la décision de Rabat de fermer les frontières avec Melilla «bien avant le Covid-19 a eu un effet dévastateur» sur l’économie de la ville, soulignant qu’auparavant Melilla bénéficiait d’un mouvement quotidien de plus de 10.000 personnes. Et d’accuser le royaume d’avoir «une volonté impérialiste et expansionniste (…) Melilla n'a jamais été une colonie ou une néocolonie». «Nous ne nous sentons pas Marocains», a-t-il martelé.
De Castro préside, depuis juin 2019, une alliance formée par trois partis : Coalition pour Melilla, qui représente la population musulmane autochtone, l’antenne locale du PSOE et Ciudadanos (son parti).
Pour éviter l’ «asphyxie» de Melilla et Ceuta par le Maroc, le gouvernement espagnol envisage -avec prudence- de solliciter l’intégration de Ceuta et Melilla dans l’union douanière de l’Union européenne et à l’espace Schengen.