Présentée en janvier dernier à L’Elysée et signée par six sur neuf fédérations du Conseil français du culte musulman, la Charte des principes ne fait toujours pas l’unanimité. Mardi, 500 acteurs du champs religieux musulman dans le pays ont signé une tribune où ils expriment leur refus des termes de la charte. Il s’agit de 300 étudiants en sciences islamiques, 100 imams, 50 enseignants en sciences islamiques et 50 présidents d’associations.
Sur la forme, les signataires déplorent que la Charte des principes a «été réalisée sans la moindre concertation avec les imams comme avec les fidèles musulmans, à qui certains veulent imposer une fois de plus une manière de s’organiser, alors même que de multiples initiatives de terrain existent, avec des résultats prometteurs». Pour eux, «une simple consultation des premiers intéressés aurait permis de recenser les besoins et les attentes réelles des musulmans, bien éloignés des instrumentalisations et des surenchères politiques auxquelles on assiste».
Les signataires indiquent aussi que «le moyen utilisé est tout aussi problématique : en imposant au CFCM des conditions de contrôle politique et idéologique qu’aucune structure d’un autre culte n’accepterait, on crée un dangereux précédent, tout en utilisant une entité que seuls 7,21% des musulmans de France reconnaissent comme légitime pour les représenter. On crée ainsi une situation surréaliste et antinomique, aux extrêmes limites de l’Etat de droit et de ses principes».
«Pour “défendre la laïcité”, on s’ingère directement et explicitement dans les modalités d’organisation de la deuxième religion de France», écrivent-ils encore. Ils soulignent aussi que «pour “promouvoir l’égalité”, on crée une exception musulmane, puisqu’aucun autre culte ne subit le même traitement ni la même criminalisation».
Dans un autre registre, les signataires estiment que «les coups de menton auxquels on assiste ont des effets dévastateurs», car «ils mettent en danger l’Etat de droit, puisqu’ils créent de fait un délit d’opinion et de foi, en criminalisant par des mesures administratives de harcèlement toute association ou personne qui n’adhèrerait pas à la vision politique du moment, comme l’a à plusieurs fois revendiqué le ministère de l’intérieur».