Trois heures de pluie, 50 millimètres seulement, auront suffi pour saturer les canalisations d’assainissement dans plusieurs quartiers à Tanger. La situation est telle que certaines routes ont été coupées, mettant à mal la circulation dans la capitale du Nord. Au lycée Balafrej dans le quartier Zemmouri, les cours ont dû être interrompus sans décision officielle, en raison des fortes infiltrations des eaux dans l’établissement, les salles de classe n’ayant pas été épargnées.
Beni Makada, Boukhalef, la Route de Rabat et le secteur de Aouama ont également été touchés, selon le site d’information locale Tanja24. Ce lundi matin, les autorités locales déplorent en plus des nombreux dégâts matériels, de nombreuses pertes humaines dans un atelier textile. Riverains et journalistes s’étant rendus sur les lieux ont décrit un ballet incessant des autorités locales, de la police, des services de la Protection civile, mais également ceux des pompes funèbres.
En effet, plusieurs villas ont subi des infiltrations d’eau dans leurs sous-sols. Or, une villa abritait en sous-sol un atelier textile clandestin, où 28 personnes ont trouvé la mort et 10 autres ont été blessées, suite au contact de l’eau avec les installations électriques provoquant un court-circuit. Selon les correspondants de 2M sur place, il s’agit majoritairement de femmes, ainsi que des hommes, âgés de 20 à 40 ans.
Les nouveaux quartiers durement touchés
Les rescapés ont été transférés en urgence à l’hôpital régional de la ville, afin de recevoir les premiers soins nécessaires. Les opérations de recherche continuent sur place, pour retrouver d’éventuels disparus. A la suite du drame, les autorités locales ont annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur les circonstances des faits et déterminer les responsabilités. En milieu d’après-midi, des sources locales ont rapporté à TelQuel Arabi que le propriétaire de la manufacture clandestine a été interpellé.
Les inondations ont également touché les nouveaux secteurs de Boukhalef. En plus des quartiers résidentiels, le campus universitaire Abdelmalek Essaâdi, les zones relevant de l’université jusqu’aux environs de l’aéroport international Ibn Battouta ont été impactés. Les interventions se sont multipliées ce lundi matin. Les autorités locales ainsi que les équipes d’Amendis, l’entreprise de gestion déléguée d’eau et d’électricité à Tanger, ont été dépêchées pour rétabli le fonctionnement de l’assainissement et faciliter ainsi la reprise normale du trafic routier.
Ces inondations ne sont pas sans rappeler celles récemment vécues à Casablanca, en janvier dernier, où plusieurs quartiers se sont transformés en pataugeoires. Ces drames remettent en avant la problématique de la relation entre la ville et l'entreprise délégataire en charge de l'assainissement, mais aussi des questions liées à la réadaptation de l’urbanisme aux nouvelles contraintes climatiques, entre longues périodes de sécheresse et intempéries conduisant de plus en plus à des inondations.