Le tribunal de première instance de Rabat a condamné, mercredi 27 janvier, l’historien et militant Maâti Monjib à un an de prison ferme, assorti d’une amende de 15 000 dirhams au total. Dans le cadre des poursuites à son encontre depuis 2015, avec six journalistes et activistes, il a été jugé pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat» et «escroquerie», sans que le jugement rendu ne clarifie le reste des faits pour lesquels il est condamné.
Poursuivis dans le même cadre, Hicham Kharbichi et Abdessamad Aït Aicha ont été condamnés à un an en de prison ferme, assorti d’une amende de 15 000 dirhams pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat», sans que le reste des faits condamnés ne soit précisé. Hicham Mansouri a écopé également d’un an ferme, assorti d’une amende de 10 000 dirhams pour les mêmes chefs d’accusation.
Mohamed Essabr a quant à lui écopé de trois mois de prison avec sursis et d’une amende de 10 000 dirhams pour les mêmes raisons. De leur côté, Maria Moukrim et Rachid Tarik ont été condamnés à verser une amende de 5 000 dirhams, également pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat».
Ce verdict a étonné les soutiens de Maâti Monjib ainsi que des journalistes et autres militants jugés, la plupart d’entre eux n’ayant été informés ni de précédentes audiences, ni des délibérations fixées le 20 janvier, ni du rendu du jugement d’hier, qu’ils ont découvert sur la plateforme des services juridiques en ligne Mahakim.ma.
Un jugement expéditif pour maintenir Monjib en détention ?
Le 29 décembre 2020, Maâti Monjib a été interpellé dans le cadre d’une affaire où il est poursuivi séparément. Le lendemain, il a été placé en détention préventive, pour son implication présumée dans «des actes pouvant constituer des éléments de crime de blanchiment d’argent», selon un communiqué du procureur du roi près du tribunal de première instance de Rabat.
Dans cette annonce, le magistrat a expliqué que suite au communiqué publié le 7 octobre 2020 au sujet de l’enquête visant Maâti Monjib et des membres de sa famille, il a été en effet décidé de déférer l’historien devant le parquet, à l’issue des procédures d’enquête préliminaire arrivées à leur terme.
Interrogé une première fois par le juge d’instruction, ce dernier a ordonné sa mise en détention préventive pour les suites des investigations, tout en demandant la comparution de l’une des proches de Monjib. La décision rendue hier a d’ailleurs coïncidé avec le jour même où le tribunal a rejeté la liberté provisoire pour le militant, dans le cadre du dossier pour lequel il a été arrêté il y a presque un mois. Contactés par Yabiladi à ce sujet, les avocats de la défense sont restés injoignables.
Le 27 janvier peu avant sa comparution devant le juge d’instruction, Amnesty International a réitéré ses appels à la libération du militant. Maâti Monjib a pratiquement bouclé son premier mois de détention sans que son éventuelle comparution devant les magistrats de première instance ne soit décidée, ce qui laissait présager pour des proches une possible remise en liberté. Mais avec ce jugement, des membres de l'entourage contactés par Yabiladi s’interrogent sur les circonstances du rendu de cette décision alors que le dossier n’avait pas encore été ouvert.