La commission constitutionnelle de la Fédération internationale des échecs (FIDE) a décidé que Mustapha Amazzal représenterait le Maroc pour la dernière fois au sein de l’instance. Cette mesure a été prise début décembre, lors du 91e congrès de l’organisation mondiale, puisque la Fédération royale marocaine qu’il préside n’a tenu aucune assemblée depuis janvier 2016. Le mandat de son bureau directeur a pris fin le 22 mars 2019.
Consultée par Yabiladi, cette décision se base ainsi sur l’article 11 de la nouvelle charte de la fédération, qui oblige les membres à tenir leurs assemblées générales ordinaires et électives dans le respect de leur statuts et des lois nationales. Le document indique que «la commission constitutionnelle a aussi décidé de désigner un délégué pour chaque fédération, dont le bureau directeur n’est plus reconnu par la fédération internationale, qui sera chargé de collaborer avec les organisateurs afin qu’ils puissent faire homologuer les compétitions qui permettront aux joueurs d’obtenir classement et titres internationaux et aux arbitres de monter en grade».
Mustapha Amazzal veut faire cavalier seul
Ce délégué sera chargé aussi de désigner les membres des équipes nationales qui participeront aux championnats internationaux, de manière à éviter aux joueurs et aux cadres d’être pénalisés par les conflits de la Fédération royale marocaine des échecs. Des sources informée ont indiqué à Yabiladi que Mustapha Amazzal mènerait pour sa part «une campagne, avec le but de faire pression sur les responsables du ministère de tutelle, dont il est lui-même fonctionnaire, pour lui permettre convoquer une assemblée générale tout en sachant que la loi ne le permet pas».
En avril 2019, le ministère a en effet adressé une mise en demeure à la fédération, conformément à l’article 31 du Code d’éducation physique et du sport, après un rapport d’audit demandé par ce même ministère et révélant des défauts de gestion financière des deniers publics. Cependant, le ministère n’a pas appliqué les autres termes du texte, prévoyant de désigner un comité provisoire chargé de tenir une assemblée élective.
Le président de la FRME, Mustapha Amazzal, lors du festival national des échecs à Agadir en 2015. / DR
Mustapha Amazzal, son trésorier, son vice-trésorier et une responsable administrative ont été entendus par le juge d’instruction au tribunal correctionnel de Casablanca, quatre ans après des révélations sur les opérations bancaires suspectes. Ces dernières auraient été effectuées par le président, du compte de la fédération à son compte personnel. En juillet 2015, le montant a dépassé 1 million de dirhams, en plus de retraits en espèces atteignant 840 000 dirhams.
Le rapport d’audit commandé par le ministère de tutelle et consulté par Yabiladi confirme des opérations bancaires injustifiées, sur la période entre 2012 et 2016. Pour ce faire, Amazzal aurait utilisé des lettres de changes signées à blanc par le trésorier, dans des circonstances d’abus de confiance. Depuis ces révélations, le président de la fédé a tenté d’organiser deux assemblées en 2017 et une en 2019, mais sans y parvenir.
En 2007 déjà, Mustapha Amazzal a été épinglé par la fédération internationale, qui l’a reconnu coupable de falsification de dossiers de candidature pour avoir le titre d’arbitre international. Il avait alors été suspendu pendant trois ans.